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Au-delà

Paris
Saint-Denis (Basilique)
06/20/2005 -  et 21 juin 2005 (Bruxelles)
Olivier Messiaen : L’Ascension
Alban Berg : Concerto pour violon «A la mémoire d’un ange»
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 6 «Pathétique»

Elisabeth Batiashvili (violon)
Orchestre philharmonique de Londres, Vladimir Jurowski (direction)


Fidèle à son triptyque «Classique, métis et création», la trente-septième édition du Festival de Saint-Denis offre, jusqu’au 29 juin, un vaste panorama de tous les genres, laissant même la place à la chanson ou à la danse, autour d’un grand nombre de fils conducteurs: la musique sacrée, Tchaïkovski, Mahler, mais aussi le violon dans tous ses états (classique, jazz, tzigane, arabo-andalou) et, dans le cadre de la saison culturelle qui lui est consacrée en France, le Brésil.


A défaut d’offrir les meilleures conditions de jeu aux musiciens et de confort d’écoute aux spectateurs, le cadre de la Basilique convenait toutefois idéalement à un programme suggérant différentes visions de l’au-delà, extase, transfiguration ou néant. Il fournissait en outre l’une des rares occasions d’entendre en France l’Orchestre philharmonique de Londres, une formation dont le «chef principal», Kurt Masur, est certes bien connu sous nos latitudes, et qui avait délégué Vladimir Jurowski, qui en est le «principal chef invité» depuis 2003.


Dans L’Ascension (1932/1933) de Messiaen, la forte réverbération – surtout gênante pour la troisième de ces «méditations symphoniques» (Alleluia sur la trompette, alleluia sur la cymbale), au demeurant la seule à ne pas avoir été conçue à l’origine pour l’orgue – semble exercer un effet émollient sur le discours, plus énergique qu’intense, plus suave que mystique tandis que l’orchestre, malgré la direction précise du chef russe, cherche parfois ses marques.


Agée de vingt-six ans, Elisabeth Batiashvili possède déjà une riche carrière à son actif, dix ans après le deuxième prix qu’elle a obtenu au Concours Sibelius. Précédemment venue dans la capitale avec Dvorak (voir ici) puis Prokofiev (voir ici), elle donnait ici le Concerto «A la mémoire d’un ange» (1935) de Berg. Partition sous les yeux, mais quasiment sans y jeter le moindre regard, la violoniste géorgienne s’impose par un discours d’une générosité délibérément postromantique. Elle est admirablement soutenue par un accompagnement aux angles certes arrondis par l’acoustique, mais non moins fougueux (Jurowski en lâche sa baguette au milieu du second mouvement), dans lequel on reconnaît le sens dramatique de celui qui s’est illustré dans le répertoire lyrique depuis quelques années à Paris, au point d’avoir été sélectionné par Gérard Mortier dans la pléiade des «chefs permanents» qu’il a constituée à l’Opéra.


Egalement écrite au cours des derniers mois de son auteur, la Sixième symphonie (1893) de Tchaïkovski, en revanche, ne se conclut pas dans la lumière. Jurowski livre une «Pathétique» sans concession au... pathos, tenue d’une main de fer, mais nullement privée d’éloquence ou de respiration pour autant: aucune surcharge expressive, des textures allégées, un charme indéniable dans l’Allegro con grazia et un Adagio lamentoso jamais alangui. Malheureusement, les passages exigeant rapidité et légèreté, staccato et précision, notamment le fameux Allegro molto vivace – salué par les applaudissements du public, conformément à l’habitude, et ce bien que le chef ait tenté d’obtenir le silence et enchaîné immédiatement sur le final – se noient dans les voûtes, qui émoussent mordant et attaques mais privilégient les soli, d’ailleurs remarquables (basson et clarinette dans le premier mouvement).


Le site du Festival de Saint-Denis



Simon Corley

 

 

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