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Jamais deux sans trois

Paris
Salle Pleyel
05/13/2000 -  
Claude Debussy : Le Jet d’eau - Trois Ballades de Villon - Trois Images pour orchestre
Béla Bartók : Le Prince de bois, opus 13 (suite, version Saraste, création française)

Hanna Schaer (mezzo-soprano)
Orchestre philharmonique de Radio-France, Jukka-Pekka Saraste (direction)
Troisième concert de Jukka-Pekka Saraste et du " Philhar " dans le cycle " Debussy 2000 " de Radio-France, au cours duquel Debussy était confronté à Bartók, après Schönberg, Berg et Stravinski, au cours des deux premiers concerts.

On sait que le compositeur hongrois reconnaissait volontiers ce qu’il devait à son aîné français. Ce n’est pas dans le ballet Le Prince de bois, deuxième partie de ce qui apparaît comme une véritable trilogie scénique (précédée par Le Château de Barbe-Bleue et complétée par Le Mandarin merveilleux), que cette influence est la plus frappante. En effet, déployant un orchestre à effectif straussien, Bartók montre qu’il a entendu Stravinski, tout en conservant sa voix reconnaissable entre toutes. Comme L’Oiseau de feu, Le Prince de bois dure quarante bonnes minutes et, comme toute musique de ballet, le déroulement est en quelque peu décousu. Bartók en tira donc lui-même une suite d’orchestre en 1931, mais Saraste, considérant que le compositeur avait trop élagué dans sa propre partition, a effectué une sélection qui atteint près de trente minutes (soit au moins cinq de plus que celle de Bartók). Le résultat est tout aussi convaincant ; Saraste en donne une lecture précise, dense et objective, d’une excellente tenue d’ensemble, mais peu intériorisée, distante et dépourvue de passion.

Dans les quatre mélodies avec orchestre de Debussy, Hanna Schaer fait preuve d’une belle musicalité, retenue et sans effets déplacés. Malheureusement, comme souvent, l’acoustique de Pleyel ne sert pas le chant soliste avec orchestre, d’autant que la diction n’est pas toujours très claire. En outre, la mezzo suisse a une fâcheuse tendance à déraper dans le registre grave, souvent détimbré, parfois même faux.

L’intégralité des Images pour orchestre reste une rareté au concert. Pourtant, elles marquent une étape décisive de l’écriture orchestrale chez Debussy, entre La Mer et Jeux. Certes, Iberia (volet central, lui-même en trois parties, que Saraste a gardé pour la fin, contrairement à l’usage le plus répandu) fait une carrière en solitaire, mais pourquoi n’entendrait-on pas davantage Gigues (et son rare hautbois d’amour) et Rondes de printemps (et son Nous n’irons plus au bois) ? Le chef finlandais a une manière de ne pas y toucher qui fait merveille tout au long de ce triptyque, évitant avec goût les clichés " nationaux " (Angleterre, France, Espagne) que pourrait suggérer une approche trop simpliste de ces pièces elliptiques. Gigues vit, c’est bien le moins, loin de tout brouillard prétendument impressionniste. Rondes de printemps offre sans doute le meilleur moment de la soirée, avec un raffinement et une finesse de textures remarquables. En revanche Iberia, à la fois clair et sonore, manque de poésie et de mystère.

L’orchestre travaille une fois de plus en bonne harmonie avec Saraste. Cela s’entend, d’autant que la remarquable cohésion d’ensemble n’empêche en rien les talents individuels (clarinette solo!) de briller.



Simon Corley

 

 

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