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Hommage à Anna Giro

Paris
Maison de Radio France
05/29/2005 -  
Antonio Vivaldi : Airs d'opéra Orlando Furioso, Bajazet, etc…
Marie-Nicole Lemieux (contralto)
Ensemble Matheus
Jean-Christophe Spinosi (direction)

Dans le cadre des journées consacrées aux Figures tragiques organisées par la Maison de Radio France, l’Ensemble Matheus, Marie-Nicole Lemieux et Jean-Christophe Spinosi décident de faire revivre, le temps de quelques airs, la contralto Anna Giro. Entre 1726 et 1740, Antonio Vivaldi a composé les plus beaux airs d’opéra pour sa cantatrice préférée, des airs virtuoses qui demandent aussi beaucoup de musicalité et de sensibilité.



Le concert s’ouvre sur deux airs tirés de Farnace: le premier “Combattono quest’alma” est plein d’images et très suggestif. Marie-Nicole Lemieux livre une véritable bataille et vit sans aucune retenue les affres de l’héroïne: elle accentue certains mots, souligne avec des respirations entre les mots les enjeux importants révélés dans cet air. Dans “Dite che v’ho fatt’io”, la chanteuse a la grande intelligence de ne pas chanter les vocalises de la même manière à chaque reprise, ce qui est parfois l’habitude de ses consoeurs qui ne voient là qu’une façon de briller seulement au plan vocal et pyrotechnique. La contralto y ajoute de l’émotion et plus l’air avance, plus les vocalises sur “sposo” se transforment en larmes et le spectateur perçoit alors l’évolution du personnage. Place ensuite à Bajazet avec un air tendre “Amare un alma ingrata” qui dévoile des aigus somptueux et inattendus de la part d’une voix aussi grave. “Svena, uccidi, abatti, atterra” est un air difficile car vif et fougueux. Marie-Nicole Lemieux s’en sort avec les honneurs car elle chante dans un seul souffle la première phrase, rendant la musique des mots encore plus compréhensible. Enfin elle termine le concert avec l’opéra Orlando Furioso duquel elle interprète non pas le personnage principal mais Alcina. Elle chante avec une immense douceur “Cosi potessi anch’io” où elle joue avec les nuances pour exprimer l’Amour que ressent la magicienne: le personnage en devient presque attachant. Cependant, elle chante la scène finale de l’acte II, dans laquelle Orlando tombe progressivement dans la folie. Marie-Nicole Lemieux ne ménage pas ses efforts pour incarner le personnage et pour se jeter corps et âme dans la folie: outre une voix fabuleuse, elle possède un don pour le théâtre et elle parvient à transmettre des émotions qui plonge le public dans un profond recueillement.
Remarquée au Concours Reine-Elisabeth de Belgique en 2000 et plus précisément à Paris lors de ses débuts dans Orlando Furioso, la contralto canadienne est en passe de devenir l’une des plus grandes chanteuses du 21ème siècle. Elle possède une véritable présence scénique et il n’est pas besoin de décors et de costumes pour qu’elle nous fasse “croire” à tous les personnages qu’elle incarne. Comme exemple il ne suffit que d’entendre le récitatif de l’air d’Asteria “Svena, uccidi” dans Bajazet pour avoir une idée de son immense talent: elle met tant de conviction dans sa voix qu’elle glace littéralement l’assistance.


L’Ensemble Matheus, conduit par un Jean-Christophe Spinosi plus impétueux que jamais, apporte des sonorités multiples, des couleurs magnifiques… et surtout raconte une histoire: quelques inflexions des violons, quelques accents des contrebasses créent un véritable monde de sensations, d’imagination, etc… Les notes presque piquées du début de l’air de Tamiri dans Farnace “Dividite o giusti Dei” sont absolument savoureuses et expliquent en avance les difficultés de l’héroïne et surtout ses hésitations. L’Ensemble interprète deux des sinfonie qui constituent la base de son répertoire: celle de la Fida Ninfa et celle de l’Orlando furioso. Pour avoir entendu à de nombreuses reprises la sinfonia de la Fida Ninfa, il semble que Jean-Christophe Spinosi ne l’a jamais joué avec autant d’énergie et surtout d’intensité: tous ses instruments ragent, rugissent, se tourmentent! Il a aussi réajusté quelques couleurs dans le second mouvement notamment dans la montée au début de ce passage qui est encore plus poignant. Pour parvenir à un tel résultat, le chef s’appuie sur des musiciens remarquables et la patte “Matheus” se sent maintenant dès les premières notes: non seulement ce sont des techniciens remarquables (il faut parvenir à soutenir les tempi imposés qui sont parfois très rapides et périlleux) mais également des musiciens qui ont maintenant Vivaldi dans le sang.



Une fois de plus, Antonio Vivaldi est à l’honneur et trouve en Marie-Nicole Lemieux et en Jean-Christophe Spinosi des interprètes idéaux. Ce concert est un véritable bijou où la Musique est présente dans chaque note, chaque respiration, chaque inflexion…



A noter:
- on peut retrouver Marie-Nicole Lemieux et Jean-Christophe Spinosi dans l’intégrale d’Orlando Furioso, paru chez Naïve.
- les deux artistes partageront la scène du Théâtre des Champs-Elysées le 3 avril 2006 pour l’Orphée de Glück.


Manon Ardouin

 

 

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