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Maison de Radio France
05/28/2005 -  
Hans Werner Henze : Elegy for young lovers

Valdine Anderson (Elisabeth Zimmer), Jami Rogers (Hilda Mack), Deborah Miles-Johnson (Carolina Gräfin von Kirchstetten), Thomas Randle (Toni Reischmann), Roderick Williams (Gregor Mittenhofer), Peter Klaveness (Dr. Wilhelm Reischmann), David Wilson-Johnson (Josef Mauer)
Orchestre philharmonique de Radio France, Roger Epple (direction)


Après Les Bassarides (voir ici) et Pollicino (voir ici) au Châtelet, et quelques semaines avant la présentation, à Lyon, de son tout dernier opéra, L’Upupa, Henze était à nouveau à l’affiche, dans le cadre du week-end de manifestations gratuites de Radio France «Figures tragiques» avec la première française de la version originale (en anglais) de son Elégie pour de jeunes amants (1961). Car si l’œuvre fut créée en allemand, avec notamment Dietrich Fischer-Dieskau, le livret en est signé des même auteurs que celui des Bassarides (et que The Rake’s progress de Stravinski), Auden et Kallman.


Petit nombre de chanteurs (six, et un rôle parlé), effectif instrumental restreint (vingt-cinq musiciens), intrigue réservant davantage de place à la psychologie qu’à l’action, on a ici à faire à un opéra de chambre, dédié «à la mémoire de Hugo von Hofmannsthal, Autrichien, Européen et maître librettiste». Les trois actes regroupent trente-quatre courtes scènes, portant chacune un sous-titre de caractère souvent ironique. Sans aller jusqu’à un découpage en numéros, récits, airs, duos et ensembles ne s’en succèdent pas moins de façon assez traditionnelle: égal à lui-même, Henze, une fois de plus, aura sans doute irrité à la fois ceux qui trouvaient son langage trop hardi, plus proche de Berg que de Britten, et ceux qui regrettaient sa fidélité à des formes dramatiques traditionnelles, loin de ce qu’allaient tenter Zimmermann ou Nono. De fait, on retrouve ici bien des éléments constitutifs de son style: lyrisme des lignes vocales, sens du rythme (avec un pupitre de six percussionnistes), goût pour les textures raffinées et les sonorités originales (harpe, piano, célesta, guitare, mandoline et même scie musicale), virtuosité orchestrale (culminant dans la tempête du troisième acte).


Tout était donc réuni pour que la soirée fût passionnante, d’autant que Radio France, une fois de plus, avait mis les petits plats dans les grands, en distribuant une analyse complète due à Gérard Condé ainsi que le livret traduit en français. Mais ce fut finalement la déception qui l’emporta: salle étonnamment peu remplie, musiciens peu intéressés par la battue mécanique de Roger Epple, distribution anglophone mais ne soignant généralement pas la diction, chanteurs trop souvent couverts par la richesse de la trame orchestrale. Surtout, sans la moindre indication dans les notes de programme ni la moindre annonce préalable, des coupures considérables ont été opérées, réduisant de près d’un tiers la durée du spectacle (une heure trois quarts contre deux heures et demie) et éliminant purement et simplement des scènes entières.


Impossible, certes, de tromper les spectateurs, qui disposaient du texte intégral sous les yeux, mais difficile, dans de telles conditions, pour les uns ou pour les autres, artistes comme public, de trouver une quelconque motivation dans cet exercice déjà hautement artificiel qu’est une version de concert. Dommage, car la plupart des solistes, bien que deux des trois rôles féminins aient été quasiment repris au pied levé par leurs titulaires, méritaient mieux que cela, à commencer par l’Américaine Jami Rogers, à la voix certes un peu jeune pour le rôle, mais parfaitement au point dans les périlleuses vocalises que lui réservent deux monologues de folie et d’ivresse. Particulièrement sollicité dans son registre élevé, Roderick Williams campe un Mittenhofer plus distant qu’ambigu, mais convaincant par sa précision et la clarté de son timbre. L’Elisabeth de Valdine Anderson tend en revanche à minauder, tandis que les autres rôles, compte tenu du raccourcissement de la partition, sont réduits à la portion congrue.



Simon Corley

 

 

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