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Musique à phynances

Paris
Musée d’Orsay
05/19/2005 -  et 21, 22*, 24, 28, 29 mai 2005
Ubu Roi
Alfred Jarry (texte), Claude Terrasse (musique)
Compagnie Ezéquiel Garcia-Romeu: Thomas Blanchard (Ubu, Bougrelas), Christine Pignet (Mère Ubu, La Reine Rosemonde), Christophe Avril (Venceslas, L’Empereur Alexis, Pile, Bougrelas), Hugues Boucher (Bordure, Cotice, Giron, Rensky), Jean Godement, Pascale Pinamonti (marionnettistes)
Susan Manoff (piano)
Ezéquiel Garcia-Romeu (mise en scène, scénographie, lumières, vidéo), François Tomsu (costumes), Frédéric Maire (montage vidéo)


Parallèlement à l’exposition «Le théâtre de l’Œuvre (1893-1900), naissance du théâtre moderne» présentée jusqu’au 12 juillet, le Musée d’Orsay propose à six reprises Ubu Roi d’Alfred Jarry: rien que de très logique, tant le nom de Lugné-Poe (1869-1939) reste associé à ce fameux «Merdre!» qui retentit pour la première fois dans son théâtre le 10 décembre 1896. Mais dès 1898, Jarry faisait donner sa pièce par son «Théâtre des pantins» et c’est donc en quelque sorte un retour aux sources qu’accomplissent ici Ezéquiel Garcia-Romeu et sa compagnie, en recourant non seulement à des acteurs et à des marionnettes, mais aussi à des figurines de pâte à modeler ainsi qu’à la projection d’animations ou d’ombres chinoises où apparaît notamment la célèbre silhouette à la gidouille décorée de sa spirale.


La mise en scène et les accessoires (boîtes de conserve, marmites, outils) cultivent résolument les aspects potaches et scatologiques, fourmillant d’idées loufoques qui jonglent avec des moyens volontairement rudimentaires, comme ces nobles, magistrats et «phynanciers» représentés par des saucisses passant – littéralement – à la casserole. Benêt inquiétant, sale gosse geignard, Thomas Blanchard domine une distribution où quatre acteurs et deux marionnettistes assurent à eux seuls tous les rôles.


Cela étant, la principale curiosité tenait à la résurrection, également par souci de fidélité aux intentions de Jarry, de la musique de scène composée par Claude Terrasse (1867-1923). Car si Ubu Roi a ensuite inspiré de nombreux compositeurs, dont Zimmermann ou Penderecki, on oublie trop souvent que les pièces du cycle d’Ubu ont été le fruit d’une collaboration entre un homme de théâtre et un musicien. A son piano droit placé sur la gauche du plateau, Susan Manoff, familière de cette époque pour participer à la reconstitution des spectacles du Chat noir à Orsay, n’est pas cantonnée à une fonction secondaire: outre quelques pages «solistes» (ouverture, intermèdes), elle est parfois amenée à accompagner certaines scènes. Le langage de Terrasse, qui s’est principalement illustré dans l’opérette, se trouve certes en décalage avec le caractère explosif du propos, mais la pauvreté et la banalité revendiquées de ses mélodies et de ses rythmes de marche offrent un second degré qui suggère parfois Satie.



Simon Corley

 

 

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