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Drame brut Paris Opéra Bastille 05/14/2005 - et 19, 23, 27, 30 mai, 1er, 6, 9, 12 juin 2005 Leos Janacek : De la Maison des Morts José Van Dam (Goriantchikov), Hubert Delamboye (Louka), Jerry Hadley (Skouratov), Jeffrey Francis (Chapkine), Johan Reuter (Chichkov), Gaële Le Roi (Alieia), Jiri Sulzenko (Le Commandant)
Orchestre et Chœurs de l’Opéra National de Paris, Marc Albrecht (direction)
Dernier opéra de Janacek, De la Maison des Morts (1930), tiré du roman de Dostoïevski Souvenirs de la Maison des Morts, évoque crûment et sans artifice le monde des camps qui recouvrira bientôt une grande partie de l’Europe et de la Russie. Quatre ans plus tard, Chostakovitch aura la même prémonition avec Lady Macbeth de Mzensk qui, lui, se termine par une marche vers les camps de la Sibérie. Ils avaient vu juste. Pas d’artifice, même pas une ‘histoire’, mais une suite de monologues (Louka, Skouratov, Chapkine, Chichkov) sur la force implacable du destin qui broie les hommes, entrecoupée de scènes vives, brutales (avec le Commandant) ou douces-amères (avec l’intermède théâtral). La musique défie les habitudes d’écoute avec un orchestre ‘qui ne tient pas en place’ et qui résout une nouvelle quadrature du cercle : anguleux et lyrique, nerveux et sombre. Les interprètes réunis pour cette soirée sont exceptionnels, spécialement les chanteurs assumant les monologues (avec une mention spéciale pour Johan Reuter), ainsi bien sûr que José Van Dam, impérial et sensible, et Gaëlle Le Roi, touchante dans le rôle du jeune Alieia. La mise en scène très respectueuse de Klaus Michael Grüber convainc totalement, même si on peut trouver le jaune de l’uniforme des prisonniers irritant et hors de propos. Marc Albrecht maintient une tension permanente, même si dans le prélude les violons, qui ont une partie difficile, sont complètement dans la panade : merci Mesdames et Messieurs les violons de vous échauffer pour les prochaines représentations ! Une soirée forte, magnifique : courez voir De la Maison des Morts !
Philippe Herlin
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