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Une Tosca orchestrale Normandie Opéra de Rouen/Haute-Normandie (Théâtre des arts) 05/06/2005 - et 8*, 10, 12 et 14 mai 2005 Giacomo Puccini : Tosca
Hélène Bernardy (Floria Tosca), Carlo Guido (Mario Cavaradossi), Marc Mazuir (Baron Scarpia), Marc Fouquet (Cesare Angelotti), Jean-Philippe Marlière (Un sacristain), Mihajlo Arsenski (Spoletta), Jean Teitgen (Sciarrone), Arnaud Richard (Un geôlier)
Chœur de l’Opéra national de Rouen/Accentus, Laurence Equilbey (chef de chœur), Daniel Bargier (chef de chœur assistant), Maîtrise de Seine-Maritime, Jean-Noël Duchesne (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Rouen/Haute-Normandie, Oswald Sallaberger (direction musicale)
Dagmar Pischel (mise en scène), Rudy Sabounghi (scénographie), Claudia Jenatsch (costumes), Françoise Michel (lumières)
Coproduite avec le Grand théâtre de la ville de Luxembourg, la Tosca (1900) actuellement présentée au Théâtre des arts, si elle confirme l’intérêt de l’Opéra de Rouen/Haute-Normandie pour l’opéra italien (voir ici et ici) et son souci d’aller au devant d’un public comptant plus de huit mille abonnés, ne doit pas faire oublier qu’ont été présentés par ailleurs cette saison Curlew river de Britten ou Elektra de R. Strauss.
La mise en scène de Dagmar Pischel traduit un sage compromis entre la lettre du livret et une transposition de l’action à une époque plus proche de la nôtre. Certains de ses choix – c’est la loi du genre – pourront surprendre (Tosca, qui croque une pomme après le meurtre de Scarpia, ne se jette pas du haut du Château Saint-Ange mais est assassinée par balles, alors qu’elle tourne le dos aux hommes de main), mais n’auront apparemment pas choqué les spectateurs. Après un premier acte presque entièrement plongé dans le noir et à la direction d’acteurs un peu prévisible, le deuxième acte suggère une lecture plus politique et corrosive des faits, soulignant, par la présence muette d’un cardinal, une collusion malsaine entre l’Eglise et le pouvoir, alors qu’évolue sur scène une écolière perverse et lascive sortie d’un tableau de Balthus. Plus dépouillé, le troisième acte, avec son sinistre jeu d’ombres pour l’exécution de Cavaradossi, renvoie à la grisaille d’un univers totalitaire. La scénographie de Rudy Sabounghi et les costumes de Claudia Jenatsch font d’ailleurs référence aux années 1950, avec par exemple un Scarpia mi parrain, mi bureaucrate, entouré de miliciens, au devant d’une immense toile de fond représentant un plan monumental, à tous les sens du terme, de Rome.
Pas excessivement subtil mais puissant, vaillant, coloré et expressif, c’est le Mario de Carlo Guido qui se détache des trois rôles principaux. Hélène Bernardy (Tosca) semble plus à l’aise dans la rage et l’imprécation, ne parvenant pas toujours à assurer ses aigus, tandis que Marc Mazuir campe un Scarpia jeune et subtil, mais peinant à passer la rampe.
Il est vrai que sous la baguette d’Oswald Sallaberger, qui en est le directeur musical depuis 1998, l’Orchestre de l’Opéra de Rouen, impeccable et raffiné, mettant en valeur la richesse de l’instrumentation puccinienne, tend à ravir la vedette au plateau. Le chef autrichien, sans doute davantage (re)connu dans le répertoire germanique (voir ici et ici), n’en a pas moins donné il y a peu le Requiem de Verdi: il démontre ici un sens inné de la respiration, conjuguant tension, souplesse et refus des effets faciles.
Simon Corley
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