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Samuel Ramey en Boris

Paris
Opéra Bastille
04/26/2005 -  et 30 avril et 5, 8, 10, 15, 18, 21 et 24 mai 2005
Modeste Moussorgski : Boris Godounov

Samuel Ramey/Vladimir Vaneev (Boris Godounov), Gaële Le Roi (Fiodor), Aleksandra Zamojska (Xenia), Irina Bogatcheva (La Nourrice de Xenia), Nikolaï Gassiev (Prince Vassili Ivanovitch Chouiski), Sergei Murzaev (Andrei Chtchelkalov), Vladimir Vaneev/Gleb Nikolsky (Pimène), Roman Muravitskiy/Viktor Afanasenko (Le faux Dimitri), Elena Manistina (Marina Mnizek), Vladimir Ognovenko (Rangoni), Mikhaïl Petrenko (Varlaam), Alexander Podbolotov (Missaïl), Elena Bocharova (L’Aubergiste), Vsevolod Grivnov (L’Innocent), Igor Matioukhine (Nikititch), Yuri Kissin (Mitioukh), Sergueï Stilmachenko (Lavitsky), Alexandre Ekaterininski (Tchernikovski)
Maîtrise des Hauts-de-Seine (Chœurs d’enfants de l’Opéra national de Paris), Chœur de l’Opéra national de Paris, Peter Burian (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Alexander Vedernikov/Alexander Titov (direction musicale)
Francesca Zambello (mise en scène), Wolfgang Gussmann (décors et costumes), Franck Evin (lumières), Denni Sayers (chorégraphie)


Après Guerre et paix de Prokofiev (voir ici), l’Opéra national de Paris propose à nouveau la reprise, à Bastille pour neuf soirées et matinées, d’un spectacle conçu par Francesca Zambello: avec ce Boris Godounov (1869/1872) déjà donné neuf fois à l’automne 2002 (voir ici), l’Américaine confirme son aisance dans la fresque historique et les mouvements de foule, mis en valeur par les lumières de Franck Evin et les décors imposants de Wolfgang Gussmann, qui signe également des costumes sans surprises.


Hormis quelques choix plus ou moins contestables – le parallèle entre Boris et l’Innocent, qui, en outre, à la fin de l’opéra, s’apprête à se pendre, debout sur le trône, ou l’assassinat de Fiodor par Chouiski – cette production n’évite pas les poncifs tenant à une certaine vision de la couleur locale, signes de croix, icônes et chapkas risquant de tourner à l’indigestion. Si la cellule de Pimène baigne dans un blanc presque aveuglant, l’acte «polonais», en revanche plongé dans le noir (de la conspiration?) – décors comme costumes, à l’exception des quelques touches violettes de Marina et Rangoni – manque de relief.


En 2002, Julian Konstantinov n’avait certes pas démérité, mais le principal attrait de cette reprise n’en était pas moins le Boris de Samuel Ramey: autorité, puissance et présence se conjuguent à un timbre somptueux et à une noblesse d’expression, dépourvue de tout pathos excessif, bien qu’accompagnée d’un fort vibrato. Le rôle-titre sera tenu, les 18, 21 et 24 mai, par Vladimir Vaneev qui, entre-temps, incarne un Pimène solide et bien chantant.


Le reste de la distribution, sensiblement différente de celle de 2002 et presque entièrement russe, demeure d’excellent niveau, à commencer par les usurpateurs, qui se montrent particulièrement à l’aise dans les italianismes du troisième acte: Roman Muravitskiy campe un Dimitri lumineux et vaillant, tandis qu’Elena Manistina, si elle n’est sans doute pas vraisemblable, vocalement aussi bien que théâtralement, en Marina et n’éclipsera donc pas le souvenir d’Olga Borodina, fait valoir une voix ample et moelleuse. Il faut également saluer le Varlaam dynamique, échappant à la caricature, de Mikhaïl Petrenko ainsi que les excellentes prestations de Vsevolod Grivov en Innocent et de Sergeï Muraev en Chtchelkalov. En revanche, le Chouiski de Nikolaï Gassiev, certes veule à souhait, paraît trop souvent approximatif et imprécis, tout comme Vladimir Ognovenko (Rangoni). Si Gaële Le Roi (Fiodor) passe difficilement l’orchestre, Aleksandra Zamojska confère de chaudes couleurs au personnage de Xenia.


Directeur musical du Bolchoï, Alexander Vedernikov – qui laissera la baguette à Alexander Titov pour deux représentations en mai – déçoit, en parvenant, tout comme James Conlon il y a trois saisons, à aseptiser l’orchestre brut et sauvage de Moussorgski. Les chœurs, également en retrait dans le prologue et au premier acte, s’imposent en revanche de façon éclatante au dernier acte. On regrettera toutefois que dans le choix justifié de combiner les versions de 1869 et de 1872, certaines coupures n’en aient pas moins été opérées, notamment au deuxième acte, alors même que le programme reproduit l’intégralité du livret.



Simon Corley

 

 

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