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Jolivet en solo

Paris
Cité de la musique
04/24/2005 -  
André Jolivet : Cinq Eglogues pour alto – Cinq Incantations pour flûte
Maurice Ravel : Chansons madécasses
Albert Roussel : Sérénade pour flûte, harpe et trio à cordes, opus 30

Mireille Delunsch (soprano)
Solistes de l’Ensemble Intercontemporain: Sophie Cherrier (flûte, piccolo), Jeanne-Marie Conquer (violon), Odile Auboin (alto), Eric-Maria Couturier (violoncelle), Michael Wendeberg (piano), Ghislaine Petit-Volta (harpe)


Avant-dernière manifestation du cycle «La France en quête d’identité» que propose actuellement la Cité de la musique, le programme offert par les solistes de l’Ensemble Intercontemporain faisait la part belle à André Jolivet, en présence de sa fille Christine Jolivet-Erlih, qui s’est inlassablement démenée pour que concerts et disques célèbrent dignement le centenaire de la naissance du compositeur.


Sous le titre «Ostinato et mélodie», deux recueils de pièces brèves pour instruments solistes de Jolivet encadraient ainsi des œuvres de Ravel et Roussel. Rarement jouées, les Cinq Eglogues (1967) pour alto, créées trente-sept ans plus tôt jour pour jour par Serge Collot, évoquent immanquablement Bartok: structure en arche, âpreté et allusions folkloriques dans les mouvements extrêmes, marqués Rusticamente, lyrisme intense des mouvements pairs (Cantante) et énergie rythmique du mouvement central (Ostinatamente). Odile Auboin s’y impose par sa puissance et son refus de la facilité.


Elément central d’un triptyque entamé avec Mana et les Danses rituelles, les Cinq Incantations (1936) pour flûte suivent de quelques mois Density 21,5 de Varèse, l’un des maîtres de Jolivet. Sans doute davantage encore qu’il y a deux ans (voir ici), Sophie Cherrier, d’une précision époustouflante, impressionne par son aptitude à alterner murmures et stridences, souplesse et percussion.


Si Jolivet a toujours montré sa fascination pour les cultures «primitives», dans la génération précédente, Ravel aussi bien que Roussel, s’ils n’étaient pas aussi attirés que Maurice Emmanuel par l’étude de la musique des civilisations extra-européennes, n’étaient pas moins portés vers les rivages lointains, sans pour autant sombrer dans l’exotisme de pacotille. Dans ses Chansons madécasses (1926), Ravel revendique ainsi, en pleine guerre du Rif, un anticolonialisme virulent. En l’absence de Jean-Sébastien Bou, souffrant, c’est Mireille Delunsch qui le remplace dans cet exercice sur la corde raide: malgré une émission parfois un peu voilée, elle s’illustre par une diction très soignée, une justesse irréprochable et une certaine retenue expressive.


Quelque peu sur la réserve, sauf dans la protestation de la mélodie centrale (Aoua), les solistes de l’Ensemble Intercontemporain s’en donnent en revanche à cœur joie dans la Sérénade (1925) pour flûte, harpe et trio à cordes de Roussel, notamment dans les mouvements vifs, mordants et roboratifs, tandis que l’Andante offre un répit idéalement poétique.



Simon Corley

 

 

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