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Revu et Corrigé

Bruxelles
Théâtre Royal de la Monnaie
05/02/2000 -  et 4, 7, 9, 11, 12, 14, 16 mai 2000
Georg Friedrich Händel : Agrippina
Anna Catherina Antonacci (Agrippina), Rosemary Joshua (Poppea), Lawrence Zazzo (Ottone), Lorenzo Regazzo (Claudio), Malena Ernman (Nerone), Antonio Abete (Pallante), Dominique Visse (Narciso), Lynton Black (Lesbo)
David McVicar (mise en scène), John Macfarlane (décors et costumes), Paule Constable (lumières), Concerto Köln, René Jacobs (direction musicale)

Est-il possible actuellement de monter les opéras de Händel sans en passer par une transposition moderne ? Le procédé, s’il n’est plus désormais original, assure en tout cas une efficacité dramatique qui fait passer bien des choses du livret un peu à cheval entre le drama et le buffa. Les intrigues entre des personnages fortement caractérisés prennent près de quatre heures à se nouer et se dénouer, soutenues par une musique sublime et très inventive mais risquant à tout instant la monotonie par sa structure alternant récitatif /air (il y n’y a que peu d’ensembles, notablement un duo magique entre Poppea et Ottone dans le deuxième acte).

Nous sommes donc dans une sorte de soap opera haut de gamme avec des personnages bien stéréotypés évoluant dans les hautes sphères politico-sociales : aussi Claudio est-il un clone de Clinton attiré par une Poppea/Monica, tandis qu’Agrippina semble un croisement d’Hillary (Clinton bien sûr) et d’Alexis de Dynasty. Les autres personnages sont également "actualisés" (à ce propos les costumes sont somptueux), en particulier le juvénile Nerone, accro à la cocaïne qu’il sollicite à la moindre frustration. Le décor signé par John Macfarlane, impressionnant dans sa simplicité et sa souplesse modulable, ne se réfère par contre à aucune image de notre siècle et reste dans un abstrait finalement éloquent et convaincant.

Le concept de David McVicar reste bien superficiel mais amusant grâce à de multiples clins d’oeil qui parlent à notre sensibilité moderne (ah ! les caméras de CNN commentant le retour victorieux d’Ottone).

Ainsi la longueur du spectacle ne se laisse pas percevoir mais on pourrait l’oublier tout aussi vite s’il n’y avait l’excellence de l’interprétation musicale, tout d’abord grâce à René Jacobs, fin, souple, contrasté, vivant, menant un Concerto Köln idéal de précision et de sonorité. La distribution est presque parfaite, les chanteurs se révélant également tous immenses acteurs.

Ainsi Anna Catherine Antonacci joue de son avantageux physique (mis en valeur par les costumes de John Mcfarlane) comme de sa voix ample et colorée ainsi que de ses raucités pour composer une Agrippina intrigante à souhait ; sa rivale, Poppea, est une Rosemary Joshua plus en longueur, elle, qu’en rondeurs, à la fois fraîche et virtuose ; Malena Ernman prête son mezzo corsé et son agilité vocale (et physique) à une composition trèsréussie de Nerone ; dans deux rôles d’intrigants retourneurs de vestes, Antonio Abete et surtout Dominique Visse (déguisé en une sorte de Roberto Begnini), toujours aussi claironnant font merveille ; Lorenzo Regazzo est un efficace Claudio mais la voix m’a semblé un peu raide pour les virtuosités haendeliennes ; enfin, et surtout, Lawrence Zazzo, jeune contre-ténor sensible et musicien, incarne à la perfection l’héroïque Ottone. J’allais oublier Lynton Black remarquable dans un rôle épisodique mais intéressant.

Un spectacle de bonne tenue dont la superficialité sera peut-être plus à reprocher au librettiste (Vincenzo Grimani) qu’au metteur en scène.



Christophe Vetter

 

 

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