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Les années 1960 au Centre tchèque

Paris
Centre tchèque
04/09/2005 -  
Leos Janacek : Quatuor n° 1 «Sonate à Kreutzer»
Vladimir Sommer : Quatuor n° 1
Wolfgang Amadeus Mozart : Quintette avec clarinette, K. 581
Bohuslav Martinu : Quatuor n° 7 «Concerto da camera», H. 314

Irvin Venys (clarinette), Quatuor Graffe: Stepan Graffe, Lukas Bednarik (violon), Lukas Cybulski (alto), Michal Hreno (violoncelle)


A deux pas de Saint-Germain-des-Prés, le Centre tchèque propose jusqu’à la fin de l’année un festival intitulé «Culture tchèque des années 1960», cette décennie qui vit l’éclosion d’artistes tels que Milos Forman, Jiri Menzel, Milan Kundera ou Vaclav Havel. Si cette manifestation – dont le commissaire général n’est autre que Jean-Gaspard Palenicek, petit-fils du pianiste et compositeur – se caractérise par son ambition pluridisciplinaire, associant histoire, littérature, théâtre, arts plastiques et cinéma, la musique, comme toujours au Centre tchèque, y tiendra une place importante. Ainsi dix-huit concerts de musique de chambre permettront notamment d’entendre, d’ici le 10 décembre, bon nombre des compositeurs actifs durant ces années 1960, non seulement des personnalités telles que Petr Eben, Jindrich Feld, Miloslav Kabelac, Viktor Kalabis, Marek Kopelent, Isa Krejci, Otmar Macha ou Vaclav Trojan, mais aussi des noms moins connus sous nos latitudes, comme ceux de Zdenek Lukas, Vit Micka, Jan Novak, Miroslav Raichl ou Zbynek Vostrak.


C’est dans ce cadre que le Quatuor Graffe, formé en 1997, offrait un copieux programme débutant par le Premier quatuor «Sonate à Kreutzer» (1923) de Janacek. Anciens élèves de la classe de Milos Vacek, premier violon du Quatuor Janacek, au Conservatoire de Brno, les jeunes musiciens sont ici en terrain on ne peut plus familier: antiromantique, épurée et sans concession, peu soucieuse de flatter l’oreille, leur interprétation vindicative, acide et brûlante dégage néanmoins une intensité très prenante.


Achevé en 1950 mais substantiellement remanié en 1955, le Premier des deux quatuors de Vladimir Sommer (1921-1997) est donc antérieur aux années 1960, mais le compositeur, présenté comme un communiste convaincu et auteur d’œuvres aux titres peu équivoques (Hé Staliniens!, Cantate à Gottwald), s’est trouvé au centre de l’effervescence politique et culturelle de l’époque: la création houleuse, en 1963, après cinq ans d’interdiction par l’Association des compositeurs, de sa (Première) symphonie vocale (1958) sur des textes de Kafka, Dostoïevski et Pavese est en effet décrite comme l’une de ces premières protestations contre le régime qui se multiplieront ensuite jusqu’au Printemps de Prague.


Affichant la tonalité de mineur, le Premier quatuor de Sommer, en trois mouvements vif/lent/vif (vingt-quatre minutes) de facture classique, ne paraît nullement de nature à effrayer quelque censeur que ce soit. Si le sens mélodique rappelle parfois Prokofiev, la tonalité sombre, morose et mélancolique, cultivant l’ambiguïté majeur/mineur jusque dans une conclusion aux lueurs très incertaines, évoque davantage Honegger ou Chostakovitch.


Dans le Quintette avec clarinette (1789) de Mozart, la sonorité plus verte que moelleuse d’Irvin Venys, également issu du Conservatoire de Brno, sert une lecture à la fois allante, parfois un rien affectée, privilégiant une atmosphère paisible plutôt que des abîmes expressifs. D’esprit mozartien, le Septième quatuor «Concerto da camera» (1947) de Martinu, bien qu’écrit par un exilé, sonne sans doute plus «tchèque» que le quatuor de Sommer et le Quatuor Graffe rend justice à ce flot ininterrompu de musique, qu’il s’agisse de l’inlassable énergie des mouvements extrêmes ou de la rêverie nostalgique de l’Andante central.


Le site du Centre tchèque




Simon Corley

 

 

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