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Feu d'artifice musical et vocal

Zurich
Opernhaus
04/02/2005 -  et les 5*, 7, 10, 12, 14, 17 et 20 avril 2005

Georg Friedrich Händel: Giulio Cesare in Egitto

Cecilia Bartoli*/Danielle de Niese (Cleopatra), Anna Bonitatibus*/Judith Schmid (Sesto), Charlotte Hellekant (Cornelia), Franco Fagioli (Giulio Cesare), Martin Oro (Tolomeo), Alan Ewing (Achilla), Jose Lemos (Nireno), Gabriel Bermudez (Curio)


Choeur de l’Opéra de Zurich, Orchestre La Scintilla de l’Opéra de Zurich, Marc Minkowski (direction musicale), Cesare Lievi (mise en scène)

C’est à un feu d’artifice musical et vocal que convie l’Opéra de Zurich avec une nouvelle production de Giulio Cesare, accueillie par les ovations du public. La direction du théâtre a eu la main particulièrement heureuse en réussissant à s’assurer la collaboration de Marc Minkowski, qui connaît bien l’œuvre pour l’avoir déjà dirigée à Amsterdam et à Paris et enregistrée avec Les Musiciens du Louvre. Au moment du salut final, le chef, sur scène, s’agenouille devant les musiciens dans la fosse. Un geste qui en dit long sur la performance de La Scintilla, ensemble baroque de l’Opéra de Zurich, même si la comparaison avec le disque précité fait parfois apparaître un manque de justesse et de précision. Mais il ne doit pas être facile de suivre un chef comme Minkowski, tant celui-ci ne relâche jamais la tension, ne laissant pratiquement aucun répit aux musiciens, optant pour une lecture dynamique et nerveuse, mais légère tout à la fois, ainsi que pour des tempi vifs qui font place néanmoins à des moments d’intense émotion dans les passages de lamentations. Bref, Marc Minkowski donne véritablement vie à la musique et on se surprend à trouver trop courtes les quatre heures de la représentation!


Cecilia Bartoli était bien sûr très attendue pour ses débuts dans le rôle de Cléopâtre. Si on peut lui reprocher d'en faire trop sur le plan scénique, en tout cas dans la première partie (la reine d'Egypte est dépeinte, avec force mimiques, comme une femme facétieuse et coquette, ce qui vaut à la star 5 robes différentes et une étrange ressemblance avec Liz Taylor!), on ne peut en revanche qu'être admiratif devant la facilité avec laquelle elle enchaîne les vocalises et devant la palette infinie de nuances qu’elle sait tirer du rôle, même si la voix peut sembler parfois bien ténue. Ces quelques réserves sont balayées dès le IIe acte, lorsque Cléopâtre découvre ses vrais sentiments pour César. Cette métamorphose du personnage restera d'ailleurs comme un des tout grands moments de la soirée, avec une Bartoli au sommet de son art dans les arias languissantes, capable de mezza voce ahurissantes, à la limite de l'audible, sur un fond orchestral soyeux. Rien que pour la magie de ces passages-là, il faut courir à Zurich toutes affaires cessantes! Le fait que les autres solistes ne pâtissent pas de la présence de la mezzo romaine est un signe de la qualité du plateau vocal réuni à Zurich, avec pas moins de 3 contre-ténors. Certes, la voix de Franco Fagioli peut paraître un peu mince et manquer de substance pour le rôle de César, mais à seulement 24 ans, le chanteur argentin fait preuve d'une agilité incroyable dans les ornementations et d'une grande musicalité. Un nom à retenir, assurément. Martin Oro en Tolomeo s’affirme comme son exact opposé: la voix a du corps et de la puissance, mais le style est quelque peu relâché. Cependant, la vraie découverte de la soirée aura été Anna Bonitatibus en Sesto, qui a offert une forte présence scénique et des pianissimi éblouissants. Ses duos avec la Cornelia de Charlotte Hellekant sont particulièrement expressifs.


Quant à la mise en scène, nul n’ignore à Zurich, où il sévit régulièrement, que Cesare Lievi ne fait pas dans la dentelle. A défaut d’une direction d’acteurs digne de ce nom, on doit donc se contenter d’une simple mise en place, les chanteurs interprétant leurs airs sur le devant de la scène, côté cour pour le début puis côté jardin pour le da capo, ou inversement! Dans le programme de salle, Lievi affirme avoir voulu recréer l'esprit merveilleux du baroque dans un contexte contemporain. Pour ce faire, il n’a rien trouvé de mieux que de transposer l’action à Las Vegas, avec son lot de néons, de pyramides en carton-pâte, de blindés et de missiles miniatures et de lumières kitsch. Second degré, distanciation, ironie? Pas du tout, le seul mot qui vient à l’esprit est ridicule. Mais qu’importe en fin de compte, car personne ne se soucie de ce qui se passe sur scène tellement les oreilles sont comblées.


A noter:

Giulio Cesare, 3 CD Archiv Production, Les Musiciens du Louvre, Marc Minkowski

Le prochain disque de Cecilia Bartoli paraîtra en septembre 2005: airs de Händel, avec Les Musiciens du Louvre, sous la direction de Marc Minkowski




Claudio Poloni

 

 

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