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Con fuoco, forcément

Paris
Théâtre Mogador
03/08/2005 -  
Clara Schumann: Trio avec piano, opus 17
Johannes Brahms : Trio avec piano n° 1, opus 8

Trio Con fuoco: Sullimann Altmayer (violon), Gauthier Herrmann (violoncelle), Samuel Parent (piano)


Parmi les nombreuses activités de l’Académie de l’Orchestre de Paris, les étudiants des deux conservatoires nationaux de la capitale sont invités à se produire le mardi soir à Mogador en formation de chambre, le public bénéficiant d’un accès libre à ces concerts. Avant le Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMDP), le 5 avril prochain, c’était ainsi le tour du Conservatoire national de région (CNR – Conservatoire supérieur de Paris), et plus particulièrement du Trio Con fuoco, formé en 1998 et originaire de la classe de Paul Meyer et Eric Le Sage au sein de son Département de musique de chambre.


«J’ai cru autrefois que je possédais un talent créatif, mais j’ai renoncé à cette idée; une femme ne doit pas désirer composer – aucune n’a été capable de le faire, et pourquoi devrais je l’espérer? Ce serait de l’arrogance, bien que mon père m’y ait certes encouragé dans le passé.» Ainsi s’exprimait en 1839 une brillante pianiste de vingt ans, qui avait déjà à son actif un Concerto ainsi que de nombreuses pièces pour piano: Clara Wieck, qui épousa Robert Schumann l’année suivante, n’en continua pas moins d’écrire jusqu’à l’âge de trente quatre ans, mettant ensuite une fin quasi définitive à son activité dans ce domaine; ayant sombré dans la folie, Schumann disparut trois ans plus tard, non sans avoir eu le temps de promouvoir le jeune Brahms. Celui ci devait d’ailleurs rester très proche de Clara, à laquelle il ne survécut d’ailleurs qu’un an.


Pour être 100 % masculin, le Trio Con fuoco n’en a pas moins effectué, avec le Trio avec piano (vers 1846) de Clara Schumann, un choix parfaitement approprié pour saluer, en ce 8 mars, la «Journée internationale des femmes». De grande ampleur (près d’une demi-heure), il comprend deux mouvements extrêmes (en sol mineur) particulièrement développés (un Allegro moderato de forme sonate, avec reprise, et un Allegretto comprenant des ébauches de fugato) encadrant deux brefs intermèdes centraux, dans des tonalités majeures, mettant successivement en vedette le violon puis le violoncelle (un Scherzo qui évoque davantage la grâce d’un menuet et un Andante dont le caractère de Romance sans paroles est contredit par un passage plus tourmenté, d’esprit schubertien). Tout au long de l’œuvre, si la finesse classique de Mendelssohn ou certaines tournures mélodiques propres à Schumann ne surprennent bien évidemment pas, une nostalgie un peu résignée semble en même temps annoncer déjà certaines pages de Brahms.


Le Premier trio avec piano (1853-1854) de Brahms, certes révisé sur le tard (1889), date précisément de la période où, ayant rencontré Schumann, ce dernier se fit l’apôtre du «nouveau messie de l’art». Les musiciens du Trio Con fuoco soulignent le ton âpre et enflammé de cette partition née entre les premières Sonates pour piano et les Ballades de l’opus 10 et signée «Kreisler junior». Souvant servi de manière plus opulente et moelleuse, plus imposante et symphonique, ce déferlement de généreuses mélodies jaillit ici d’un tourbillon de tempi enlevés, d’attaques violentes et de sonorités acides. Même le Meno allegro central du Scherzo ne connaîtra pas d’alanguissement, seul l’Adagio venant apporter un calme relatif, relevant davantage de la méditation et de la prière que d’un véritable apaisement.


En bis, retour à un Trio en sol mineur, celui de Chausson (1881), avec son deuxième mouvement (Vite), restitué de façon à la fois robuste et étincelante, con fuoco, forcément.



Simon Corley

 

 

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