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Pour préparer la Semaine sainte

Paris
Eglise Saint-Roch
03/04/2005 -  et 5 (Bruges), 7 (Anvers), 11 (München), 12 (Luzern) et 13 (Flagey) mars
Johann Sebastian Bach : Cantates n°s 22, 23, 127 et 159
Antonio Lotti : Crucifixus
Johann Kuhnau : Tristis est anima mea

Sibylla Rubens (soprano), Marianne Beate Kielland (alto), Hans Jörg Mammel (ténor), Thomas Bauer (baryton)
Collegium vocale de Gand, Philippe Herreweghe (direction)


Dans le cadre des «Grands concerts sacrés» produits par Philippe Maillard, Sigiswald Kuijken a entamé l’automne dernier un long périple qui permettra, au cours des six ou sept prochaines saisons, d’entendre une cinquantaine de cantates de Bach (voir ici). Mais cette remarquable entreprise n’empêche pas dès cette année un autre «pape» du baroque, Philippe Herreweghe, de venir proposer avec son Collegium vocale – en ces temps où Pâques, particulièrement précoce cette année, s’approche déjà – quatre cantates de Bach autour du thème «Jesu, deine Passion», toutes composées pour le dimanche de la Quinquagésime (c’est à dire le septième dimanche avant Pâques, précédant le Carême).


Au-delà même du sujet, leur parenté musicale avec les Passions s’impose d’emblée, dès la Cantate 127 «Herr Jesu Christ, wahr’ Mensch und Gott» (1725): très développé, le chœur introductif, hélas peu mis en valeur par la réverbération excessive du lieu, est suivi d’un récitatif où le ténor – l’excellent Hans Jörg Mammel – adopte clairement le style de l’Evangéliste. Colorée – avec notamment une imitation instrumentale du glas évoqué par le texte – et dramatique – une trompette illustrant le Jugement dernier –, la partition s’inscrit dans un baroque éclatant.


Moins exubérante, la Cantate 159 «Sehet, wir gehn hinauf gen Jerusalem» (1729), confiant à la basse le rôle de Jésus, rappelle sans doute d’autant plus les Passions qu’elle n’est antérieure que de quelques semaines à la Saint-Matthieu. La Cantate 22 «Jesu nahm zu sich die Zwölfe» (1723) met également en scène le Christ, chanté par le baryton Thomas Bauer, qui, quoiqu’un peu embarrassé dans le grave, n’en déploie pas moins une belle autorité. Herreweghe, avec une infinie subtilité, ne cesse de varier les climats, à l’image de l’accompagnement souple et gracieux qu’il offre à l’air de ténor.


Formant quasiment un diptyque avec la précédente, la Cantate 23 «Du wahrer Gott und Davids Sohn» (1723), après un duetto permettant d’apprécier Sibylla Rubens, soprano au timbre clair mais manquant de projection dans le grave, et Marianne Beate Kielland, alto à la voix opulente mais à la justesse incertaine, se conclut par deux chœurs de tempérament plus austère.


Remarquablement cohérent, le programme proposait, entre chaque couple de cantates, un bref intermède latin et quelque peu archaïsant, où les seize choristes, accompagnés de la seule basse continue, s’imposèrent par des sonorités pures et éthérées, tant dans un étonnant Crucifixus d’Antonio Lotti (1667-1740), aux harmonies très recherchées, que dans le motet Tristis est anima mea de Johann Kuhnau (1660-1722), un compositeur actif à Leipzig avant que Bach ne s’y installe.


Le public, venu très nombreux malgré les rigueurs de cette fin d’hiver, fait un triomphe à Herreweghe et à ses troupes, et c’est au cinquième rappel qu’il consentira enfin à reprendre le long chœur final de la Cantate 23.



Simon Corley

 

 

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