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Si Humperdinck m’était conté...

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Grand Théâtre
12/17/2004 -  et les 15, 19, 21, 23, 27, 28 & 31 décembre 2004
Engelbert Humperdinck : Hänsel und Gretel
Franz-Joseph Kapellmann (le Père), Nadine Denize (la Mère), Anke Vondung (Hänsel), Camilla Tilling (Gretel), Pierre Lefebvre (la Sorcière Grignote), Katia Velletaz (le Marchand de sable, la Fée Rosée)
Orchestre de la Suisse Romande, Armin Jordan (direction)
Yannis Kokkos (mise en scène)


Composé d’après le conte des frères Grimm, Hänsel et Gretel mêle l’inspiration populaire et les acquis du wagnérisme. Mais Humperdinck, qui assista Wagner pour la création de Parsifal à Bayreuth, n’a pas composé une musique d’épigone, sachant garder une fluidité, une fraîcheur, un sens du coloris qui lui permettent d’éviter une certaine lourdeur germanique caractéristique de certains imitateurs de Wagner. L’adoption du système des leitmotive n’appesantit jamais une orchestration très raffinée; si Wagner reste présent, c’est, plutôt que celui du Crépuscule des dieux, celui de Siegfried ou de Parsifal.
Armin Jordan l’a bien compris, trouvant des accents quasi impressionnistes dans les passages féeriques, dirigeant l’œuvre d’une baguette à la fois ferme et souple, donnant de la rondeur, du galbe à cette musique dont on ne dit pas assez les beautés, prenant bien soin, en vrai chef de théâtre, de ne jamais couvrir les chanteurs. Car le problème posé par le chef-d’œuvre de Humperdinck est aussi un problème de distribution : comment trouver des protagonistes crédibles ? Anke Vondung (Hänsel) et Camilla Tilling (Gretel) sont parfaitement en situation, avec des voix jeunes, légères mais bien timbrées. C’est à peine si l’on sent la seconde un peu gênée, au début, par la tessiture un peu centrale de Gretel. Katia Velletaz est délicieuse en Marchand de sable et en Fée Rosée. Franz-Joseph Kapellmann, naguère Alberich dans le Ring, se garde aussi de toute emphase dans le rôle du père, tandis que Nadine Denize, qu’on avait entendue ruinée dans Katia Kabanova, a retrouvé une santé vocale qui l’aide à donner toute sa mesure de chanteuse et d’interprète. Le rôle le plus difficile restant peut-être celui de la Sorcière, toujours menacée par un expressionnisme histrionesque, on ne manquera pas de souligner la qualité de la performance de Pierre Lefebvre, inquiétant mais jamais caricatural, le recours à une voix de ténor faisant de Grignote une descendante de Mime cherchant à empoisonner Siegfried.
Les merveilleux Oiseaux de Braunfels nous ont rappelé, l’an passé, à quel point Yannis Kokkos est à l’aise pour créer des passerelles entre le réalisme et la féerie. Son Hänsel et Gretel s’inscrit à la fois dans le dur quotidien de l’ère industrielle allemande et un onirisme qui s’épanouit dans une belle forêt stylisée, peuplée d’animaux familiers, où s’évade l’imaginaire enfantin. Lui non plus ne force jamais le trait, sans pour autant tomber dans la mièvrerie, faisant une utilisation très subtile des projections d’images et des effets spéciaux, jouant sur les lumières et les couleurs, notamment pour nous faire voyager pendant les interludes orchestraux. Le problème délicat de la représentation de Grignote, pierre d’achoppement de beaucoup de mises en scène, est très intelligemment résolu ici : elle tient à la fois de la Sorcière telle qu’on l’imagine, chevauchant son balai dans les airs, et de tous ces monstres en blouse blanche qui prennent les enfants pour des cobayes.
Inaugurée en 1997 au théâtre du Châtelet à Paris, cette production n’a pas pris une ride ; que ceux qui l’ont ratée se rassurent : ils pourront la voir à Caen les 16 et 18 janvier prochains.




Didier van Moere

 

 

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