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Pour la seconde partie

Paris
Salle Gaveau
11/29/2004 -  
Frédéric Chopin : Grande valse brillante, opus 18 – Grande valse, opus 42 – Nocturnes, opus 27 – Ballade n° 1, opus 23
Robert Schumann : Carnaval, opus 9
Frank Martin : Fantaisie sur des rythmes flamenco
Johannes Brahms : Sonate pour piano n° 3, opus 5

Paul Badura-Skoda (piano)


Pour sa trente-quatrième saison, Piano **** propose, au Théâtre du Châtelet et à la Salle Gaveau vingt-quatre manifestations dont le prestige et l’intérêt se mesurent à la seule énonciation du nom des artistes invités: Perahia, Cascioli, Moravec, Freire, Kovacevich, Barenboïm, Lupu, Brendel, Pollini, … Vétéran de cette série, Paul Badura-Skoda n’était pas le moins attendu, dans un programme non seulement copieux mais suscitant des rapprochements stimulants entre les œuvres choisies.


La première partie fut hélas à ranger parmi ces concerts au cours desquels les spectateurs, pourtant bien calés au fond de leur fauteuil, tremblent au moins autant que le musicien placé sous les feux de la rampe: en effet, les véritables amis se devant d’être présents dans les bons comme dans les mauvais moments, ils compatissent spontanément aux malheurs qui peuvent frapper tous les artistes, même – et peut-être surtout – les plus grands. Car l’honnêteté amène à constater que le pianiste autrichien a enduré des passages à vide. Mais elle doit en même temps conduire à accorder le droit à l’erreur à quelqu’un qui, dans un passé encore tout récent, a offert au public des bonheurs intenses (voir ici).


On passera donc rapidement sur la Grande valse brillante (opus 18, 1834) et sur la Grande valse (opus 42, 1840), ainsi que sur la Première ballade (1835) de Chopin, pour s’attarder sur les deux Nocturnes de l’opus 27 (1835), où le chant est admirablement et fermement dessiné à la main droite, en même temps que la main gauche distille un accompagnement idéalement vaporeux. Exactement contemporain de cette Ballade et de ces Nocturnes, Carnaval (1835) de Schumann comporte en outre une pièce intitulée Chopin mais, heurté, marqué par des attaques dures ainsi que des phrasés raides et saccadés, il déçoit également.


En seconde partie, Badura-Skoda rappelait d’abord qu’il s’est intéressé à la musique de son temps: non content d’avoir créé son Second concerto, il avait en effet demandé à Frank Martin de lui destiner une partition en solo: ce fut la Fantaisie sur des rythmes flamenco (1973), étonnante fusion du Falla de la Fantaisie bétique, du Bartok de la Suite de danses et du Jolivet des Danses rituelles. Avec une intensité de chaque instant, le dédicataire rend pleinement justice à cette page importante du répertoire du siècle dernier.


Peu sont ceux qui osent interpréter hors des studios d’enregistrement les sonates de Brahms, particulièrement les cinq mouvements de la monumentale Troisième (1853), autre forme, après la Fantaisie de Martin, de rudesse altière, due non plus à un compositeur de quatre-vingt-trois ans, mais à un jeune maître de vingt ans, fougueux protégé de Schumann. Moyennant quelques dérapages excusables dans un défi aussi périlleux, on retrouve ici, dans une conception très beethovénienne, façon Hammerklavier, le grand Badura-Skoda, son piano intelligent et délicat, sa sonorité chaleureuse et colorée, puissante sans être percussive, culminant dans l’Andante espressivo et l’Intermezzo.


En bis, il donne La Cathédrale engloutie (1910), extraite du Premier livre des Préludes de Debussy, évocatrice sans être décorative, avant de reprendre le second des Nocturnes de l’opus 27 de Chopin.


On pourra le retrouver, toujours dans le cadre de Piano ****, pour deux master classes les 9 et 10 février prochain, puis avec la violoncelliste Tatiana Vassilieva, pour une intégrale Beethoven en deux temps (14 mars et 18 avril 2005).



Simon Corley

 

 

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