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L’orchestre vocal

Paris
Cité de la musique
11/13/2004 -  et 9 novembre 2004 (Rouen)
Richard Strauss : Deux chants, opus 34 – Traumlicht, AV 123 n° 2 – Durch Einsamkeiten, AV 124 – Deutsche Motette, opus 62
Richard Wagner : «Im Treibhaus» et «Träume», extraits des Wesendonck-Lieder (arrangement Clytus Gottwald, création)

Jutta Böhnert (soprano), Christianne Stotijn (mezzo), Robert Getchell (ténor), Jochen Knupfer (basse)
Accentus, Laurence Equilibey (direction)

Le troisième des quatre cycles de concerts associés à l’exposition «Le Troisième Reich et la musique» qui se tient jusqu’au 9 janvier prochain à la Cité de la musique est sous-titré «Richard Strauss. L’Ecole de Vienne». Il présentera, d’ici le 24 novembre, neuf manifestations autour de Strauss, Schönberg, Berg et Webern, faisant appel à des interprètes prestigieux (Holliger, Boulez, Gielen, Goerne, Inbal, le Quatuor Prazak). Cela dit, le parti pris de ce cycle déçoit quelque peu, même si tout est déjà dit dans son intitulé: pas de «et», en effet, entre «Richard Strauss», d’un côté, et «L’Ecole de Vienne», de l’autre, ce dont témoigne une programmation essentiellement monographique et étroitement segmentée, qui déborde par ailleurs vers Zemlinsky, Apostel et Gerhard – ce qui n’est pas réellement incohérent – mais aussi, par deux fois, vers Eisler – ce qui est plus surprenant.


Ainsi, pour cette première soirée, les œuvres chorales de Strauss auraient peut-être gagné à être confrontées, précisément, à celles de Schönberg et de Webern. Cela étant, leur diversité, leur attrait et, sans doute pour beaucoup de spectateurs, leur nouveauté ont été suffisants pour refouler tout sentiment d’ennui et d’uniformité. En outre, c’est Accentus, la Rolls des formations françaises, qui offrait ce périple à travers ce pan trop négligé de la production du compositeur du Chevalier à la rose, le plus souvent inspiré par des poètes tout sauf négligeables (au premier rang desquels Rückert, mais aussi Schiller).


Très développés (plus de dix minutes chacun) et écrits pour seize parties réelles, les deux Gesänge de l’opus 34 (1897) contrastent fortement: la complexité de Der Abend (Schiller), véritablement symphonique, se conjugue avec de longues extases moelleuses, typiquement straussiennes, produisant un somptueux tapis sonore; dans un langage plus chromatique, Hymne (Rückert) est en revanche davantage tributaire de l’héritage choral allemand. La cohésion d’Accentus et la manière dont Laurence Equilbey en joue comme d’un orchestre pour en tirer des textures de rêve conviennent idéalement au style de ces pièces.


Le caractère instrumental est évidemment encore plus flagrant dans l’adaptation de Im Treibhaus et Träume, les deux mélodies des Wesendonck-Lieder (1858) de Wagner qui ont servi de véritables ébauches à Tristan et Isolde. En les arrangeant toutes deux, Clytus Gottwald, qui a déjà relevé par le passé d’autres défis (des adaptations de Berg, Debussy, Mahler, Ravel et Wolf) déjà mis en valeur par Accentus dans un disque publié par Naïve, a réalisé là un magnifique travail.


Traumlicht (Rückert), deuxième d’un recueil de trois chants (1935), et Durch Einsamkeiten (Wildgans) se rattachent à la confortable tradition germanique du Männerchor, même si leurs modulations sont on ne peut plus typiques de Strauss, tandis que, dans le second, daté de 1938, Friede(n) («paix») donne lieu à une longue vocalise…


Probablement la plus connue des partitions choisies pour ce programme, le Motet allemand (1913), par son raffinement polyphonique (associant quatre solistes aux seize parties du chœur) et par sa durée (vingt minutes), n’en constituait pas moins une conclusion parfaite. Rien de nationaliste, malgré son titre, dans le texte de Rückert, mais bien plus le goût de Strauss pour les tours de force et sa manière si spécifique de s’enivrer de la sensualité de sa propre musique. La qualité superlative des choristes – dont les timbres semblent parfois n’avoir plus rien de commun avec de simples voix – trouve à nouveau à s’exprimer, bien que les aigus des sopranos et ténors soient fortement sollicités.


En bis, Accentus et Laurence Equilbey offrent Scheiden und Meiden (1889), une spirituelle mélodie extraite des Wunderhorn-Lieder de Mahler, également arrangée par C. Gottwald.


Le site d’Accentus



Simon Corley

 

 

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