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Double monologue

Paris
Maison de Radio France
11/12/2004 -  
Elzbieta Sikora : Suite II
Zygmunt Krauze : Commencement
Pawel Szymanski : Through the looking glass III
Krzysztof Knittel : Histoire III
Karol Szymanowski : Quatuor n° 2, opus 56
Maurice Ravel : Quatuor

Elisabeth Chojnacka (clavecin), Quatuor Klimt: Elisabeth Glab, David Rivière (violon), Emmanuel Blanc (alto), Jean-Luc Bourré (violoncelle)


La première soirée des «Figures polonaises» – un nouveau week-end de spectacles gratuits de Radio France qui permettra, au-delà de valeurs bien établies (Chopin, Szymanowski, Lutoslawski et Penderecki), d’entendre notamment Zarebski, Karlowicz et Tansman – n’aura pas tenu toutes ses promesses. En effet, le dialogue attendu entre clavecin et quatuor à cordes a achoppé sur le retrait des deux œuvres qui, dans la programmation initiale, étaient destinées à cet ensemble, dont, pour des «raisons techniques», une création de Karol Beffa (Destroy). C’est donc de façon totalement étanche que se sont succédés un récital d’Elisabeth Chojnacka puis un concert du Quatuor Klimt.


Ayant sélectionné quatre partitions – dont deux qu’elle a elle-même créées – de compositeurs polonais appartenant quasiment à la même génération (apparue après les personnalités de Lutoslawski, Baird, Penderecki et Gorecki), la grande prêtresse du clavecin contemporain, Française née à Varsovie, se trouvait tout particulièrement en terrain familier.


Suite II (1992) d’Elzbieta Sikora (née en 1943) – autre Parisienne d’adoption, présente dans la salle – renvoie aux atmosphères des années 1970: ayant étudié avec Schaeffer et Bayle au GRM, il n’est pas surprenant qu’elle fasse appel à une bande, qui diffuse coups de tonnerre, bruits de vent et vagues planantes. Les quatorze minutes se déroulent schématiquement en trois temps: le clavecin, dont le son est par ailleurs transformé en temps réel, tricote d’abord inlassablement, évoluant ensuite vers un discours plus lyrique, aux références tonales explicites, avant de conclure dans un boogie-woogie effréné.


Commencement (1982) de Zygmunt Krauze (né en 1938) rappelle le minimalisme d’un Steve Reich, mais sans son côté motorique: les répétitions irrégulières d’un même élément aux ornementations complexes établissent, en moins de quatre minutes, un continuum sonore et une absence de développement qui participent de l’«unisme» dont se réclame le compositeur. Démarche en opposition radicale, selon lui, aux contrastes de l’art baroque, mais à laquelle le clavecin se plie sans peine.


Etrangement, cette musique se rapproche de celle de Pawel Szymanski (né en 1954), bien que ses présupposés en soient pourtant radicalement divergents. Car celui-ci qualifie sa production de «surconventionnelle»: références et allusions au passé (échos baroques et classiques) se bousculent donc dans Through the looking glass III (1994), mais déformées par une mécanique qui se détraque sans cesse au fil des six minutes, un peu à la manière de certaines Etudes de Nancarrow. On regrette que Through the looking glass IV (1995) pour clavecin et quatuor, fondé sur le même matériau, n’ait finalement pas été donné comme prévu.


Krzysztof Knittel (né en 1947) fut, en 1973, l’un des trois fondateurs, avec Elzbieta Sikora et Wojciech Michniewski, du groupe KEW. D’une durée de sept minutes, son Histoire III (1988) met à nouveau à contribution le caractère volubile et rythmique de l’instrument: après une introduction libre, relevant presque de l’improvisation, une bande, dont le démarrage pour le moins laborieux cause quelques soucis à l’interprète et aux techniciens, délivre une pulsation rock qui entraîne le clavecin dans un swing plaisant, certes à cent lieues du Hungarian rock de Ligeti.


La seconde partie commençait par le Second quatuor (1927) de Szymanowski: le Quatuor Klimt, que des membres de l’Orchestre national de France ont fondé voici deux ans, souligne, par son approche précise, transparente, fine et élégante, les influences françaises davantage que la rugosité folklorique ou l’expansivité de l’expression. Dans le Quatuor (1903) de Ravel, dont le choix pouvait se justifier par la séduction qu’il a clairement exercée sur Szymanowski, la sonorité se fait plus ronde et sensuelle, au service d’une approche plus engagée et chaleureuse, plus souple et gracieuse, mais sans excès d’effusions.



Simon Corley

 

 

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