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De bello gallico

Paris
Salle Cortot
11/04/2004 -  
Marie–Pierre Soma : Variations autour d’un thème
Pierre de Bréville : Première sonate pour violon et piano

Jean-Pierre Sabouret (violon), Marie Pierre Soma (piano)


Dans le cadre de ses concerts (gratuits) de midi et demi, l’Ecole normale de musique accueillait un récital de Jean-Pierre Sabouret (violon) et Marie-Pierre Soma (piano). Le violoniste interprétait d’abord seul une œuvre de la pianiste, ses Variations autour d’un thème: entre réminiscences et pastiche, elle passe en revue, dix minutes durant, les canons de la virtuosité selon Bach, revue par Paganini, permettant ainsi à l’archet romantisant de Jean-Pierre Sabouret de se déployer avec vigueur et générosité.


Pas tout à fait oublié grâce à certaines de ses plus de cent mélodies, Pierre de Bréville (1861-1949) n’en apparaît pas pour autant tous les jours à l’affiche. S’il est un contemporain presque exact de Richard Strauss, la Première (1919) de ses cinq Sonates pour violon et piano, créée par Georges Enesco et Blanche Selva, récemment gravée par Philippe Graffin et Pascal Devoyon pour Hyperion, témoigne d’une solide influence de Franck, dont il fut l’élève, Chausson et d’Indy. Ce dernier venait de sous-titrer sa Troisième symphonie De bello gallico; lorrain d’origine, Bréville a ressenti d’autant plus durement le traumatisme de la Première Guerre mondiale et, de même que Ravel avait destiné chaque pièce de son Tombeau de Couperin à un officier mort au front, il a dédié cette sonate à la mémoire du lieutenant Gervais Cazes.


En quatre mouvements de grande ampleur et dans la rare tonalité d’ut dièse mineur, l’ouvrage pèche peut-être par des développements plus rhapsodiques que rigoureusement conduits, mais on ne pourra pas lui reprocher de manquer d’invention mélodique ou même rythmique. Le franckisme se colore ici ou là de teintes fauréennes voire, plus rarement, debussystes, le ton se révélant sans doute plus spontané et personnel dans le Lamento (troisième mouvement). Le caractère sombre, lyrique et élégiaque ainsi que quelques tournures wagnériennes renvoient également à Chausson, mais on ne situe pas non plus très loin de l’esprit du Quintette avec piano de Vierne, composé au même moment et pareillement marqué par le drame de 1914-1918.


Tout au long de ces quarante minutes, le violon se taille la part du lion: il y a tout lieu de s’en réjouir, car Jean-Pierre Sabouret s’y révèle techniquement très solide et musicalement convaincant, faisant valoir une sonorité et une puissance qui servent les envolées passionnées de la partition. L’accompagnement de Marie-Pierre Soma, obéré par un Steinway mat et sec, se situe nettement en retrait, tant en précision qu’en souplesse.



Simon Corley

 

 

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