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Pochette-surprise

Paris
Salle Gaveau
10/21/2004 -  
Joseph Haydn : Symphonie n° 60 «Le Distrait» (extraits) – Concerto pour piano en ré, Hob. XVIII.11
George Gershwin : «Fascinating rhythm» (Lady be good!) – «By Strauss» (The show is on)
Leonard Bernstein : «Tonight, tonight» et «Somewhere» (West side story)
Frederick Loewe : «I could have danced all night» (My fair lady)
Franz Lehar : Chanson de Vilja (La Veuve joyeuse)
Bruno Fontaine : Hulophonies n° 3 en sol dièse mineur, KBWV n° 964, et 7bis en ré majeur, KBWV n° 2

Wilhelmenia Fernandez (soprano), Bruno Fontaine (piano)
Orchestre régional de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur, Philippe Bender (direction)


Du 22 au 24 octobre, c’est le retour du festival à l’effigie de la proue d’un transantlatique, qui «accoste Salle Gaveau»: Transclassiques consiste en un «marathon de quatorze concerts de quarante-cinq minutes» – «sous le haut patronnage [sic] du ministère de la culture et de la communication» – qui se propose de mettre en valeur des «jeunes talents» (surtout) français et (un peu) européens, dont bon nombre se sont d’ailleurs déjà fait un nom: Stéphanie-Marie Degand, Laure Favre-Kahn, Delphine Galou, Xavier Mas, Hélène Couvert, Ophélie Gaillard, Juliette Hurel, Marina Chiche, Baptiste Trotignon, Thierry Escaich, Eric Tanguy...


On leur souhaite un plus grand succès que celui rencontré par une soirée d’ouverture en forme de pochette-surprise, qui aura peut-être éloigné, par son caractère hybride, un public décidément bien frileux, mais qui, plus vraisemblablement, aura souffert de la concurrence (notamment Boulez au Châtelet et Eschenbach à Mogador), d’un déficit de notoriété (la précédente édition datait de 2000) ainsi que d’une veille de vacances scolaires. Ce n’est en tout cas pas le prix qui doit être incriminé, bien au contraire, avec un tarif unique de 10 euros par concert (demi-tarif pour les moins de douze ans) et un passeport de 70 euros donnant accès à l’ensemble des spectacles.


L’Orchestre régional de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur se lance d’abord dans un curieux exercice: les trois derniers mouvements de la Soixantième symphonie (1774) de Haydn, précédés de l’introduction lente du premier mouvement. Si l’on veut bien admettre que l’œuvre, trouvant son origine dans une musique de scène pour Le Distrait de Régnard, constitue une sorte de musique de film avant la lettre et s’inscrit donc sans hiatus dans un programme placé sous le signe du cinéma, on voit mal en revanche pourquoi elle est ainsi tronquée. Cela étant, on y apprécie, malgré quelques départs incertains, la direction énergique, parfois même un peu raide, de Philippe Bender, qui souligne cependant le lyrisme presque belcantiste de l’Adagio.


Véritable caméléon de la vie musicale française, sorte de Michel Legrand de la seconde génération, Bruno Fontaine est omniprésent: compositeur de la musique de C’est le bouquet (2002) de Jeanne Labrune, arrangeur pour On connaît la chanson (1997) et Pas sur la bouche (2003) d’Alain Resnais, accompagnateur d’Ute Lemper et Julia Migenes mais aussi des Rita Mitsouko, sans oublier l’interprète de Mozart, qui clora le festival le dimanche 24. Dans le Concerto en ré majeur (1784) de Haydn, il s’en tiendra à une excentricité bien tempérée, si l’on excepte des cadences très développées, à l’orthodoxie stylistique contestable, où, en poussant l’exercice jusqu’à l’absurde, il finit par le tourner en dérision.


Quand Fontaine est là, le grand écran n’est jamais bien loin: c’était ainsi l’occasion, vingt-trois ans après, de réentendre Wilhemenia Fernandez, la vedette de Diva de Jean-Jacques Beineix, revenue non pas pour cet air (Ebben? ne andro lontana) de La Wally de Catalani qui fit sa célébrité, mais pour un florilège de mélodies réputées plus légères, quoique souvent fréquentées par les plus grandes... divas. Toujours aussi charismatique – éclatante robe tango et profondes révérences – la soprano américaine se lance d’abord dans Fascinating rhythm, tiré de Lady be good! (1924) de Gershwin: peu aidée par un orchestre rapidement envahissant, elle joue autant de ses talents d’actrice et de diseuse que de cantatrice. Deux extraits (Tonight, tonight et Somewhere) de West side story (1957) de Bernstein révèlent une difficulté à assurer des notes un tant soit peu longuement tenues, de telle sorte qu’elle se révèle plus à l’aise dans I could have danced all night de My fair lady (1956) de Frederick Loewe ou, à nouveau dans Gershwin, avec l’autodérision de By Strauss de The show is on (1936). Concluant par la Chanson de Vilja (en anglais) extraite de La Veuve joyeuse (1905) de Lehar, elle invite la salle à reprendre le refrain en sa compagnie: effet garanti!


En seconde partie, Fontaine était le soliste de deux Hulophonies (2002), «fantaisies sur les thèmes musicaux des films de Jacques Tati». La fantaisie se niche également dans les numéros de ces pièces pour piano et orchestre, sans parler de leur rattachement à un improbable catalogue KBWV… Hulophonie n° 7bis (treize minutes) se concentre sur Playtime, auquel on aurait tendance à associer plus spontanément une bande-son qu’une musique, même si celle-ci, en l’espèce, était signée Francis Lemarque, ce que rappelle un accordéon obligé, placé devant le chef. Plus longue, voire étirée (dix-huit minutes), la Hulophonie n° 3 rassemble Jour de fête, Les Vacances de Monsieur Hulot et Mon oncle (partitions originales de Jean Yatove, Alain Romans et Franck Barcellini), faisant même chanter les musiciens comme la Philharmonie de Vienne un 1er janvier. Dans chacune de ces fantaisies, Fontaine s’est non seulement réservé de spectaculaires cadences, mais s’est ingénié à y insérer des citations (Sauguet, Gershwin, ...). Quelque peu touffus et surchargés, ces arrangements rappellent les excès d’un Manuel Rosenthal réécrivant Offenbach, mais ils n’en conservent pas moins une efficacité fondée sur la puissance et la couleur davantage que sur la finesse.



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Simon Corley

 

 

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