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Exils

Paris
Cité de la musique
10/16/2004 -  
Karl Amadeus Hartmann : Kammerkonzert – Concerto funèbre
Béla Bartok : Divertimento, sz. 113

Lars Wouters van den Oudenweijer (clarinette), Augustin Dumay (violon)
Amsterdam Sinfonietta, Candida Thompson (premier violon)


Dans la thématique «Officiels et diffamés» du Troisième Reich, la Cité de la musique avait invité l’Amsterdam Sinfonietta autour de deux musiciens ayant dû s’exiler face à la montée du nazisme: exil intérieur pour Karl Amadeus Hartmann (1905-1963), qui s’est retiré de la vie publique entre 1933 et 1945, tout en continuant à écrire des partitions dont bon nombre seront ensuite retravaillées après-guerre; exil vers les Etats-Unis pour Béla Bartok (1881-1945), fuyant une Hongrie et une Europe qui n’étaient plus les siennes pour vivre ses dernières années dans l’accablement, la précarité et la maladie.


Alors que les institutions parisiennes entament cette saison leur énième intégrale Beethoven, Mendelssohn, Brahms ou Mahler, l’univers des huit symphonies de Hartmann reste encore essentiellement à découvrir, alors que ce compositeur se range sans doute parmi les plus importants symphonistes allemands du siècle. L’Ensemble orchestral de Paris proposera certes sa Quatrième symphonie le 19 avril prochain, mais il faut se féliciter d’avoir déjà pu entendre, au cours de cette soirée, deux de ses œuvres concertantes.


Si son titre évoque Berg, dont la personnalité influença fortement Hartmann, le Concerto de chambre pour clarinette, quatuor et orchestre à cordes (1935) possède bien davantage une couleur hongroise, qui surprend un peu moins lorsque l’on sait qu’il fut dédié à Zoltan Kodaly. Cela étant, sa veine mélodique et sa sérénité tranchent avec le style d’ordinaire plus angoissé ou ironique de Hartmann, qui n’apparaît que dans la section centrale de son second mouvement (Tanz-Variationen). Etrangement, le quintette soliste est assis devant les dix-neuf cordes qui l’accompagnement, quant à elles, debout (sauf les violoncelles), ce qui ne permet pas toujours au quatuor à cordes de se détacher suffisamment. Le jeune clarinettiste Lars Wouters van den Oudenweijer, de son côté, s’impose autant par sa sensibilité que par sa virtuosité.


De même coupe lent/vif/lent bien que structuré en quatre mouvements, le Concerto funèbre (1939) pour violon et orchestre à cordes évoque explicitement, par son matériau thématique, la disparition de la Tchécoslovaquie et, au-delà, l’orage qui gronde. A la fois exact et chaleureux, Augustin Dumay privilégie ici le romantisme sur l’expressionnisme.


Composé la même année que le Concerto funèbre, le Divertimento de Bartok, dont l’Adagio central partage le même climat tragique, fut également créé en Suisse en 1940: vicissitudes d’une histoire d’ailleurs encore plus sévère pour le Concerto de chambre, qui ne connut sa première exécution qu’en 1969, six ans après la mort de Hartmann. Dans son Divertimento, Bartok met aussi en valeur les chefs de pupitres, dont la partie souvent autonome ressort bien par rapport à l’effectif relativement restreint de l’Amsterdam Sinfonietta. Pour autant, l’ensemble ne manque nullement de puissance et, malgré l’absence de chef proprement dit, la mise en place se révèle excellente. Menée par son premier violon, Candida Thompson, qui est en la directrice musicale depuis 2003, la formation néerlandaise livre une vision dramatique, presque grandiose dans l’Adagio, et aux inflexions folkloriques fortement appuyées.


S’inscrivant fort opportunément dans la logique du programme, la dernière (Alla tarantella, marquée Prestissimo con fuoco) des Cinq pièces (1923) pour quatuor d’Ervin Schulhoff, donnée dans un arrangement pour orchestre à cordes, soulève l’adhésion du public, brillante et spectaculaire comme il se doit pour un bis.



Simon Corley

 

 

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