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Solide reprise

Montreal
Salle Wilfrid-Pelletier
10/02/2004 -  et 4, 7*, 9, 13, 16 octobre 2004
Giacomo Puccini: Turandot
Anna Shafajinskaia (Turandot), Renzo Zulian (Calaf), Marie-Josée Lord (Liù), Denis Sedov (Timur), Pierre Lefèbvre (Altoum), Aaron St.Clair Nicholson (Ping), Frédéric Antoun (Pang), Kurt Lehmann (Pong), Etienne Dupuis (Un mandarin)
Chœurs de l’Opéra de Montréal, Jean-Marie Zeitouni (direction chorale), Orchestre Métropolitain du Grand Montréal, Yannick Nézet-Séguin (direction musicale)
Renaud Doucet (mise en scène et chorégraphie), Guy Simard (lumières)


Pour célébrer de manière grandiose l’ouverture de sa vingt-cinquième saison, l’Opéra de Montréal a choisi de reprendre sa Turandot donnée précédemment en 1984 et 1997, faisant appel bien sûr à une nouvelle distribution, revisitant sa mise en scène et bénéficiant au surplus d’un vaste succès auprès du public, autant d’éléments participant à une vivifiante réussite artistique. De par sa nature même, Turandot constitue probablement le legs le plus intéressant de Puccini : une intrigue simple mais sous-tendue par maintes remises en question ontologiques, une partition luxuriante, d’un exotisme irrésistible, berceau de stupéfiantes forces vitales ne demandant qu’à être libérées par un assemblage de grandes voix dramatiques. Ce qu’on nous offre dans le cas présent mérite le plus chaleureux enthousiasme. Vocalement, d’abord, il faut souligner la cohésion tout à fait remarquable de la distribution, à laquelle il n’y a vraiment pas grand-chose à reprocher. Le duo Turandot-Calaf mène le bal (Anna Shafajinskaia remplace une Frances Ginzer s’étant retirée pour motifs de santé) : voici deux voix d’une puissance plus qu’enviable, très bien timbrées, justes, aux aigus serrés et percutants, et d’une grande endurance, conduites par deux acteurs/chanteurs sérieux et crédibles, se jouant tour à tour des tessitures crucifiantes de leur rôle respectif. Mention «coup de cœur» à Marie-Josée Lord, dont l’interprétation du rôle de Liu, touchante d’intensité théâtrale, lui vaut le triomphe le plus senti de la soirée.


Triomphe également, et à peine plus contenu, pour Yannick Nézet-Séguin, son orchestre et ses chœurs. L’affinité toute spéciale du jeune chef avec l’univers de Puccini n’est plus à démontrer, et on ne peut que féliciter la direction de l’Opéra d’avoir mis cette production entre ses mains. Si réserve il devait y avoir, ce serait plutôt au niveau de la scénographie et de certains aspects de la direction d’acteurs. On a droit non seulement à une grande soirée de musique, mais aussi à un très beau spectacle, décors luxuriants, costumes scintillants, beaux jeux de lumières…On sort cependant de la salle avec un doute quant à la réelle capacité de cette production d’évoquer en adéquation parfaite avec la musique, toute la subtilité d’imagination latente dans le texte. Le succulent trio des masques Ping-Pang-Pong semble également en souffrir : tout cela n’est-il pas un peu trop évident ? Une brèche est bel et bien ouverte dans la sphère nouménale, ne reste plus qu’à s’y engouffrer !



Renaud Loranger

 

 

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