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Mors et vita

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
10/11/2004 -  
Bedrich Smetana : Quatuor n° 1 «Z meho zivota»
Franz Schubert : Quatuor n° 14 «Der Tod und das Mädchen», D. 810

Quatuor Talich: Jan Talich, Petr Macecek (violon), Vladimir Bukac (alto), Petr Pause (violoncelle)


Familier de ce lieu magique, le Quatuor Talich avait choisi le Théâtre des Bouffes du Nord pour marquer son quarantième anniversaire. Créé en 1964 au Conservatoire de Prague par Jan Talich senior (neveu de Vaclav Talich, patron de la Philharmonie tchèque durant l’entre-deux-guerres), il a acquis sa réputation dans une formation légendaire où le fondateur, passé du premier violon à l’alto, était entouré de Petr Messiereur et Jan Kvapil (violons) et d’Evzen Rattai (violoncelle). Durant les années 1990, son effectif a été entièrement et progressivement renouvelé, mais il usurpe moins que jamais ce nom prestigieux: non seulement le premier violon en est désormais… le fils de Jan Talich, Jan Talich junior (trente-sept ans) – entouré de Petr Macecek (second violon, pupitre qu’il occupait précédemment au sein du Quatuor Martinu), Vladimir Bukac (passé du second violon à l’alto) et Petr Pause (violoncelle) – mais il a démontré tout au long de cette soirée, vingt-huit ans après ses débuts parisiens, qu’il maintenait un niveau de jeu et d’inspiration digne de la précédente génération.


Trois jours après une adaptation pour orchestre à cordes (voir ici), retour à la version originale pour le Premier quatuor «De ma vie» (1876) de Smetana. Et de quelle manière! Après un démarrage prudent où ils ont peut-être été gênés par le grésillement persistant d’un haut-parleur (l’événement était diffusé en direct sur France Musiques), les musiciens se lancent dans un Allegro moderato alla polka naturel, dansant, d’une légèreté idéale. Le Largo sostenuto, déchirant, traversé par de véritables cris, laisse la place à la vitalité frénétique du Vivace final, maintenant la tension jusqu’à la sombre conclusion.


Après l’entracte, les Talich, n’exacerbant pas la dramatisation du discours, donnent une lecture, sage et un rien distanciée, plus classique que romantique, du Quatorzième quatuor «La Jeune fille et la mort» (1824) de Schubert, dominée par l’élégance et la finesse presque maniérées du premier violon. L’Andante con moto à variations présente cependant davantage de contrastes et d’engagement, mais la précision, la cohérence et la qualité instrumentale en même temps que la clarté, la transparence et le souci de l’articulation semblent globalement l’emporter sur ce que le propos peut avoir d’effrayant ou d’inéluctable.


L’émotion atteint son paroxysme lorsqu’en fin de première et de seconde parties, Jan Talich sr., présent dans la salle, saisit son alto et rejoint sur scène ses jeunes compatriotes pour offrir les premier et quatrième mouvements du Second quintette (1893) de Dvorak ainsi que le début de son Larghetto. A la joie d’assister à cet hommage conjoint au fondateur et à ses successeurs s’ajoutent de merveilleux moments de musique, car même si cette œuvre est exactement contemporaine de la Symphonie du Nouveau monde, c’est ici, grâce aux Talich, toute l’âme tchèque qui s’exprime de la façon la plus idiomatique et la plus euphorisante qui soit: générosité débordante, tendresse éperdue, rusticité radieuse, fraîcheur rebondissante.



Simon Corley

 

 

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