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Un peu de bonne humeur!

Paris
Châtelet
10/03/2004 -  
Antonio Vivaldi et Gioacchino Rossini: airs d'opéra
Jennifer Larmore (mezzo-soprano)
Ensemble Matheus
Jean-Christophe Spinosi (direction)

C’est avec un bien réjouissant concert que la saison des concerts du dimanche matin du Châtelet s’ouvre. Au programme Vivaldi et Rossini par deux spécialistes de ces répertoires: la vocalisante et époustouflante Jennifer Larmore et le fougueux et bouillonnant chef de l’Ensemble Matheus, Jean-Christophe Spinosi.



Si Jennifer Larmore avait paru un peu étrangère à l’écriture de Vivaldi lors du concert de l’Orlando Furioso la saison dernière au Théâtre des Champs Elysées, les réserves émises n’ont plus lieu d’être aujourd’hui grâce aux deux airs magnifiques qu’elle interprète. Les vocalises y sont remarquables, le souffle impeccable pour les tenues et les avalanches de double-croches, mais ce sont surtout la totale adéquation avec l’orchestre (dans les montées et descentes d’intervalles du premier air) et les sonorités propres à ce type de musique qui témoignent du travail apporté à son interprétation. Le premier air “Alza in quegl’occhi amore” est un grand morceau de virtuosité et aucune note ne fait peur à la chanteuse: elle vocalise sans difficultés autant dans le bas-medium que dans les aigus. Elle est aidée par une direction attentive tout autant qu’intelligente et inventive de Jean-Christophe Spinosi. A eux deux ils apportent une énergie et un enthousiasme merveilleux à l’ensemble notamment grâce à des accents vocaux et à des coups d’archet particulièrement expressifs. Le deuxième air montre, en revanche, davantage les limites de la mezzo car si tout est parfait, il manque un tout petit élément pour avoir vraiment l’impression d’entendre du Vivaldi. L’air “Amorose a’i rai del sol” demande plus d’expressivité et moins de superficialité dans les notes et parfois on se prendrait à penser à d’autres sonorités, d’autres couleurs. Mais bien sûr le résultat présent est très loin de sa prestation de l’année dernière et elle est en bonne voie, et en de bonnes mains, pour parvenir au plus près de l’esthétique vivaldienne qui n’est pas que de la pyrotechnie.
Changement de répertoire, ou plutôt changement d’archet devrait-on dire puisque les musiciens de l’ensemble Matheus troquent leur archet baroque pour un archet moderne. Jennifer Larmore revient avec trois airs dans lesquels le public français a déjà eu l’occasion de l’applaudir. Et la magie commence alors car c’est une chanteuse bien plus à l’aise qui entre sur scène, n’hésitant pas à jouer, quitte parfois à surjouer. Elle entonne un “cruda sorte” bien sonore et déterminé que suit une vocalité impressionnante ( à en faire pâlir Vivica Genaux qui interprète ce rôle en ce moment à Garnier). Elle donne tout dans cet air n’hésitant pas à enlaidir sa voix pour davantage servir le texte, quitte à recourir au parlando pour une partie de sa tessiture qui lui prose plus de problème mais l’art d’une grande artiste est de dépasser les difficultés en leur apportant une musicalité particulière ou une idée dramatique.


La direction de Jean-Christophe Spinosi est comme toujours remplie d’idées et on sent que chaque note a été pensée, travaillée alors que tout semble d’une grande cohérence et aller d’un même élan. Il est vraiment un chef incontesté maintenant pour l’oeuvre de Vivaldi et on reconnaît la couleur de son orchestre et son style de direction entre mille: crescendo et decrescendo sur de longues phrases, à-coups dramatiques… et surtout une tension qui reste soutenue pendant toute l’exécution du morceau. Il faut dire que le chef est secondé par des musiciens dynamiques, engagés et énergiques et qui ne ménagent pas leurs efforts pour donner une vie à cette musique. Une mention spéciale pour le flûtiste qui a fort à faire dans Rossini et qui exécute aussi un intermède pour préparer l’arrivée de la chanteuse avant son air de Rosine: beaucoup de musicalité entre dans son jeu.
L’année dernière, Jean-Christophe Spinosi avait monté, avec grand succès, L’Occasione fa il ladro de Rossini. Il revient à ce compositeur avec des airs très connus et on ne peut que louer la subtilité et l’intelligence dramatique avec laquelle il les dirige: que sont savoureux les pizzicati qui accompagnent le début de “per lui che adoro”, remplis d’humour et de distanciation! Avec lui, la scène de théâtre se crée sans qu’il y ait besoin de tout un attirail scénique.



Il est sûr qu’un concert réunissant Jennifer Larmore et Jean-Christophe Spinosi ne parvient pas l’ombre d’un instant à nous ennuyer tant les deux artistes se donnent à fond et transmettent une énergie incroyable. Rossini et Vivaldi ne sauraient trouver de meilleurs défenseurs!



A noter:
- Jean-Christophe Spinosi et l’Ensemble Matheus redonneront, en compagnie de Jennifer Larmore dans le rôle d’Alcina, l’Orlando Furioso à Toulouse le 6 novembre et à Bruxelles au Bozar le 9 novembre 2004 en attendant l’enregistrement qui devrait paraître cet automne.
- Le chef et son Ensemble seront au TCE le 18 octobre pour une nouvelle redécouverte d’un opéra de Vivaldi, La Fida Ninfa.


Manon Ardouin

 

 

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