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Karlheinz von Beethoven

Paris
Cité de la musique
09/26/2004 -  
Karlheinz Stockhausen : Mantra
Ludwig van Beethoven : Variations Diabelli, opus 120 (#)

Ellen Corver, Sepp Grotenhuis (piano et percussion), Jan Panis (projection sonore), Alain Planès (#) (piano)


Poursuivant son cycle Stockhausen sous-titré «De Beethoven au numérique» (voir par ailleurs ici), la Cité de la musique rapprochait Mantra (1970) des Variations Diabelli (1823). Question inévitable: qu’est-ce qui pouvait justifier un tel rapprochement, si alléchant fût-il sur le papier? Certes, extérieurement, les deux œuvres partagent la démesure de leur projet, un instrumentarium comparable ainsi que le passage par des états expressifs très contrastés, mais une différence fondamentale demeure: Stockhausen entend utiliser une petite forme (le mantra) qu’il a lui-même créée pour en générer une grande (soixante-dix minutes), sans s’inscrire dans un processus de variation, tandis que Beethoven multiplie les visions subjectives d’un thème dont il n’est pas l’auteur.


Qu’importe, c’était une rare occasion d’entendre Mantra. Sans interruption soixante-dix minutes durant, chacun des deux musiciens dispose non seulement d’un piano mais aussi de cymbales antiques, de wood-blocks et d’un générateur d’ondes sinusoïdales. Tous ces timbres sont susceptibles d’être transformés par des modulateurs en anneaux pour être diffusés par des haut-parleurs, dans une belle «projection sonore» due à Jan Panis: les claviers, dont le spectre et la résonance sont ainsi altérés, se font tour à tour vibraphone, synthétiseur ou piano préparé. Ce traitement du son fleure bon les années 1970, dans le style 2001, Odyssée de l’espace, mais la musique, composite et complexe, n’est sans doute pas la plus «planante» du compositeur allemand, culminant, peu avant la fin, dans une formidable toccata en forme de mouvement perpétuel. Une place est même réservée à la dérision, lorsque les deux pianistes se lancent dans une surenchère où l’un fait mine de couper la parole à l’autre, ou lorsqu’ils se lèvent simultanément pour proférer quatre retentissants «joooo-ho!». Dans ces conditions, la complicité entretenue par le duo des Néerlandais Ellen Corver et Sepp Grotenhuis fait merveille.


Dès l’énoncé du thème – un véritable régal d’humour, de finesse, de légèreté, de précision et de clarté – on sait qu’Alain Planès va relever sans peine le défi que constitue toujours l’interprétation en concert des Variations Diabelli. Et la suite, étincelante de brio (quel toucher!) et d’intelligence, le confirme effectivement. Vivante, dramatique, souple, élancée, résolument dynamique dans les variations rapides, son approche maîtrise le kaléidoscope beethovénien en unifiant ses diverses composantes, plutôt que d’offrir une collection de vignettes pittoresques. Scrutant le moindre millimètre de la partition qu’il a sous les yeux, le pianiste français n’alourdit jamais le propos, refusant de conférer un caractère intimidant à ce sommet du répertoire et préférant ainsi, dans les variations lentes, l’éloquence du dépouillement et de la simplicité à la surcharge émotive.



Simon Corley

 

 

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