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Piano, rigueur et fantaisies

Paris
Hôtel de Rohan
07/30/2004 -  
Domenico Scarlatti : Sonates K. 159, K. 427, K. 98, K. 9 et K. 141
Claude Debussy : Pour le piano
Frédéric Chopin : Polonaise-fantaisie, opus 61
Robert Schumann : Phantasiestücke, opus 12

Mara Dobresco (piano)


Ce récital donné par Mara Dobresco est venu apporter une conclusion représentative de la qualité des quatorze précédents concerts de la quatrième édition de «Jeunes talents». Bien loin en effet d’être la grive que, faute de merles musicaux plus séduisants, les Parisiens se mettraient sous la dent (ou entre les oreilles) par pur dépit, ce festival a en effet fourni, deux semaines durant, dans un cadre prestigieux qui aurait notamment accueilli, dit on, la création des Symphonies «Parisiennes» de Haydn, de beaux moments de musique (le plus souvent en plein air), des tarifs doux (de 5 à 15 euros, avec des formules d’abonnement), une tribune appréciable pour des artistes en début de carrière et une action pédagogique inhabituelle (une répétition organisée le jour même à midi et une présentation du concert en fin d’après-midi, toutes deux d’accès libre).


Formée au Conservatoire de Paris (CNSMDP) par Gérard Frémy, Mara Dobresco (vingt-huit ans) avait intitulé cette soirée «Fantaisies pour piano». Mais ceux qui attendaient une prestation échevelée aussi bien que ceux qui craignaient que «fantaisie» n’en vînt à rimer avec «fantaisiste» en auront été pour leurs frais, tant la Roumaine aura su choisir des œuvres certes fantasques, virevoltantes, imprévisibles, rêveuses, mais sans jamais se départir d’une rigueur et d’une hauteur de vue dans lesquelles on serait tenté de détecter l’influence de Pierre-Laurent Aimard, l’un de ses autres maîtres.


Le programme, un tantinet trop bref, débutait par un bouquet de cinq Sonates de Scarlatti, d’allure globalement vive. La raideur, voire la sécheresse du propos sont compensées par un travail d’une remarquable acuité, soulignant la modernité et les aspérités d’un compositeur autrefois défendu par les plus grands, mais qui apparaît désormais trop peu souvent à l’affiche.


Pour le piano (1896) de Debussy s’inscrit dans la descendance baroque et classique, ce triptyque n’ayant parfois rien à envier – parmi d’autres – à Scarlatti. Le Blüthner un peu enrhumé dans le médium n’est sans doute pas l’instrument idéal pour ce type de répertoire, mais la pianiste, objective sans pour autant se contenter d’une simple lecture du texte, impressionne par sa maîtrise du discours et sa puissance, parfois même percussive (Prélude), par son expression dépourvue d’alanguissement (Sarabande) et par une agilité digitale et une sûreté technique dont elle ne fait jamais une fin en soi (Toccata).


Avec Chopin, la fantaisie s’impose dans le titre, mais la Polonaise-fantaisie (1846) est ici servie par un style clair et viril, qui privilégie le sens de la construction sur l’attention portée au son ou au toucher.


Auteur d’une Fantaisie pour violon et orchestre (1853) et, surtout, d’une monumentale Fantaisie (1836) pour piano, Schumann a également écrit quatre séries de Phantasiestücke: pour trio avec piano (1842), pour clarinette et piano (1849) et, par deux fois, en 1837 puis en 1851, pour piano seul. Mara Dobresco présentait le premier de ces deux cycles, qu’elle a par ailleurs déjà enregistrés pour l’éditeur Long distance. Elle y donne la pleine mesure de son talent, dans une approche à la fois interprétée et dépourvue d’esbroufe, fidèle à l’esprit de la partition. Si rien ne semble laissé au hasard, si chaque instant fait l’objet d’un contrôle minutieux, si le jeu à la pointe sèche, comme plus tôt avec Scarlatti, retrouve ses droits dans les pièces plus animées (Fabel, Traumes Wirren), la continuité du discours et la simplicité de l’éloquence ne sont jamais prises en défaut.


En bis, la pianiste, dans la Barcarolle (opus 62 n° 5) du Cinquième cahier (1844) des Romances sans paroles de Mendelssohn, nous ramène quasiment, par sa subtilité et par l’attention qu’elle porte à cette miniature extraite d’un recueil trop souvent considéré comme mineur, à Chopin en même temps à Schumann, ce cahier ayant en effet été dédié à Clara.



Le site de Mara Dobresco




Simon Corley

 

 

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