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Une curiosité bienvenue

Paris
Orangerie du Parc de Bagatelle
07/22/2004 -  et 25 juillet 2004
Claude Debussy : Sonate n° 3 pour violon et piano
Gabriel Fauré : Quatuor avec piano n° 1, opus 15
Richard Strauss : Till Eulenspiegel, opus 28 (arrangement Franz Hasenöhrl)
Hans Pfitzner : Sextuor, opus 55

Octuor de France: Jean-Louis Sajot (clarinette), Jacques Thareau (basson), Antoine Degrémont (cor), Yuriko Naganuma (violon), Laurent Jouanneau (alto), Paul Broutin (violoncelle), Michel Fouquet (contrebasse), Davis Braslawsky (piano)


Du 21 juillet au 15 août, l’Octuor de France s’installe au Parc de Bagatelle pour neuf concerts, soit six programmes – trois d’entre eux sont en effet donnés deux fois – dont l’agencement s’attache de manière fort opportune à mêler grands noms du répertoire (Mozart, Beethoven, Schubert, Brahms) et choix plus originaux (Berwald, Pfitzner, Barber, B. Hermann, Françaix). A deux pas de la célèbre roseraie, dans le cadre toujours enchanteur de l’Orangerie – même si les sensations olfactives, une fois n’est pas coutume, évoquent davantage l’eau croupie que la rose – le clarinettiste et fondateur de l’ensemble, Jean-Louis Sajot, égal à lui-même – c’est à dire goguenard et pince sans rire –, s’occupe de tout: il installe et déplace les chaises, pupitres et autres coussins et, surtout, il présente les œuvres d’un ton faussement docte mais de façon réellement informative.


Le concert donné hier après-midi était emblématique des prestations de l’Octuor de France: à la fois copieux et inventif, tirant parti – en l’espèce de deux à six instruments – de la multiplicité de combinaisons qu’offre ce vivier de neuf musiciens. Car, comme son nom ne l’indique pas, cet octuor de type Schubert (clarinette, basson, cor et quintette à cordes) s’est également adjoint un pianiste.


Cela étant, avec une sonate violon/piano puis un quatuor avec piano, la première partie présentait des associations tout à fait familières. Dans la Sonate pour violon et piano (1917) de Debussy, Yuriko Naganuma déploie une manière ample et sensible, à la sonorité moelleuse et au vibrato langoureux, assez inattendue dans cette partition et affectée de petits problèmes de justesse. Jouant de mémoire, elle enchaîne les trois mouvements presque sans interruption, ce qui contribue au caractère vivant et haut en couleur d’une interprétation qui contraste avec le piano incisif et mordant de David Braslawsky.


Avec le renfort de Laurent Jouanneau (alto) et Paul Broutin (violoncelle), le Premier quatuor avec piano (1879) de Fauré témoigne d’une parfaite harmonie entre les protagonistes. Solide plus qu’aérienne (Scherzo), expressive sans forcer le trait (Adagio), leur approche rend justice à la vigueur de l’Allegro molto moderato et à la montée résolue vers la lumière de l’Allegro molto final.


Passant de France en Allemagne, la seconde partie proposait un rapprochement intéressant entre deux compositeurs de la même génération, disparus la même année (1949) et ayant entretenu une certaine rivalité dans le domaine de l’opéra. On retrouve d’abord Till Eulenspiegel (1895) de Richard Strauss dans l’arrangement de Franz Hasenöhrl pour clarinette, basson, cor, violon et contrebasse, restitué avec élégance et finesse, sans insister outre mesure sur les éléments pittoresques.


Contemporain des Métamorphoses de Strauss, mais nullement marqué par la désolation ou la déploration, le Sextuor (1945) de Hans Pfitzner paraît hors du temps, plus mélancolique que tragique. Lointain descendant de Brahms (par exemple celui de la Seconde sérénade) ou même de Schubert (outre l’esprit viennois, voire Mitteleuropa, l’effectif est celui du Quintette «La Truite» auquel s’ajoute une clarinette), il ne néglige aucune partie, pas même la contrebasse, mais affiche une absence de prétention que traduisent certains des intitulés des cinq mouvements (Quasi minuetto, Rondoletto ou Semplice, misterioso). Ce dernier, au-delà d’une opposition a priori inconciliable entre la simplicité et le mystère, constitue sans doute le point culminant de ces vingt-cinq minutes: l’écriture se fait plus lyrique – on retrouve ici le créateur de Palestrina – et met davantage en valeur les solistes, comme dans la présentation successive du thème initial par la clarinette et la contrebasse, le trio à cordes puis le piano ou jusqu’à l’extinction progressive du discours confié aux trois cordes graves, l’alto restant finalement seul. Malgré une certaine raideur, notamment dans la partie de piano, la mise en place et l’engagement demeurent irréprochables, et le Comodo, dernier mouvement bref et enlevé, doit même être bissé.


Le site de l’Octuor de France



Simon Corley

 

 

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