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L’octuor dans les vignes

Quincy
Eglise
06/26/2004 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Divertimento en ré, K. 125a
Gioacchino Rossini : Sonate à quatre n° 1
Joseph Küffner : Introduction, thème et variations pour clarinette et quatuor à cordes, opus 32
Richard Strauss : Till Eulenspiegel, opus 28 (arrangement Franz Hasenöhrl)
Franz Berwald : Septuor

Octuor de France: Jean-Louis Sajot (clarinette), Jacques Thareau (basson), Antoine Degrémont (cor), Yuriko Naganuma, Jean-Christophe Grall (violon), Laurent Jouanneau (alto), Paul Broutin (violoncelle), Michel Fouquet (contrebasse)


Créé il y a vingt-cinq ans à l’initiative du clarinettiste Jean-Louis Sajot, l’Octuor de France peut se définir comme une formation à géométrie variable, qui, à partir d’un effectif complet de type Schubert, peut adopter un très grand nombre de combinaisons différentes et n’hésite pas à quitter les sentiers battus, ce d’autant plus qu’à l’image des trois mousquetaires, qui étaient en fait quatre, les huit artistes se sont adjoints un pianiste.


C’est cependant dans sa composition traditionnelle que l’octuor s’était rendu à Quincy, capitale berrichonne du petit vignoble éponyme, connu de longue date pour sa production à base de cépage sauvignon, pour un programme varié, d’humeur essentiellement légère, en accord avec la fraîcheur retrouvée de ce soir d’été. L’église XVIIIe se caractérise – fait suffisamment rare pour devoir être souligné – par une acoustique d’une qualité surprenante, certes amplificatrice, mais grâce à laquelle les diverses voix se détachent sans peine, ménageant à tout moment l’identité de chacune des parties.


Le concert débutait par deux brefs triptyques dus à des enfants prodiges. Composé par un Mozart âgé de seize ans, le Divertimento en ré (1772) est restitué de façon sereine et rayonnante, dans un style impeccable. Il est ici donné avec le soutien d’une contrebasse, qui vient s’ajouter au quatuor originel, ce qui se justifie pleinement compte tenu du fait qu’il est souvent joué par des orchestres à cordes, comme les deux divertimenti suivants appartenant à la même série.


Les Sonates à quatre (1804) de Rossini, qui n’avait que douze ans (mais déjà un sens mélodique inné) lorsqu’il les écrivit, sont également devenues l’apanage des orchestres de chambre: la Première sonate (en sol) offre un curieux mélange de virtuosité mettant en valeur les deux violons (Yuriko Naganuma et Jean-Christophe Grall) dans les mouvements extrêmes, un peu à la manière de Diabelli ou Paganini, tandis que l’Andantino central évoque davantage la poésie mozartienne.


Longtemps attribués à Weber, Introduction, thème et variations pour clarinette et quatuor à cordes seraient, si l’on en croit Jean-Louis Sajot, qui présente chaque morceau avec un humour pince-sans-rire, en réalité à Joseph Küffner (1776-1856). La confusion était toutefois légitime: non seulement on sait que le créateur du Freischütz a été particulièrement inspiré par la clarinette, mais il aurait lui-même révisé cette charmante partition, qui, par son style, évoque aussi bien son propre Quintette avec clarinette que Mozart, un autre grand admirateur de cet instrument. Hormis l’introduction et la variation lente, d’un beau lyrisme, les moments brillants tiennent la plus grande part des huit minutes de cette musique qui ne réserve que peu de surprises.


En seconde partie, dans un arrangement pour clarinette, basson, cor, violon et contrebasse de Franz Hasenöhrl, posant un défi qui a toujours fait les délices des ensembles de chambre, Till Eulenspiegel (1895) de Richard Strauss bénéficie d’une interprétation tout à fait convaincante, plus bonhomme que sarcastique.


Conclusion véritablement originale, le Septuor (1828) de Franz Berwald s’inscrit, tant par sa tonalité que par son effectif et son esprit de sérénade, dans la descendance de celui de Beethoven, une œuvre qui jouissait en effet d’une renommée considérable (laquelle n’était d’ailleurs pas sans irriter le compositeur, qui ne la comptait pas parmi les meilleures de son catalogue). Si ce Septuor demeure dans l’orbite du romantisme germanique (Weber, Schubert), Berwald y fait déjà preuve d’une originalité qui annonce les excentricités de ses symphonies «Capricieuse» ou «Singulière», notamment par ses modulations, ses ruptures du discours et sa forme (un mouvement central qui enchâsse un Prestissimo quasi mendelssohnien entre deux sections Poco adagio). L’écriture, plutôt que de mettre en vedette des interventions solistes, se veut plutôt symphonique. Cette dimension est d’autant plus frappante que l’Octuor de France, regroupant des musiciens habitués à travailler ensemble – et non des individualités, si brillantes fussent-elles, réunies pour une prestation ad hoc – s’illustre par une belle sonorité globale.


A titre de bis, le Scherzo (Allegro vivace) de l’Octuor (1824) de Schubert constituait un choix particulièrement heureux, car non seulement il fut aussi (consciemment) influencé par le Septuor de Beethoven, mais il permettait surtout de retrouver tous les membres de l’Octuor de France dans la pièce fondatrice du répertoire destiné à cette formation.


Le site de l’Octuor de France



Simon Corley

 

 

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