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Histoires

Paris
Théâtre Mogador
06/16/2004 -  17 juin 2004
Richard Strauss : Don Quichotte, opus 35 – Duett-Concertino, AV 147 – Grande suite du «Chevalier à la rose»

Philippe Berrod (clarinette), Marc Trénel (basson), Eric Picard (violoncelle), Ana Bela Chaves (alto)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Comme l’Orchestre philharmonique de Radio France deux jours plus tôt (voir ici), l’Orchestre de Paris concluait sa saison parisienne avec Richard Strauss, à l’image d’une programmation qui aura fait la part belle, tout au long de l’année, au postromantisme germanique. Et les trois œuvres de cette soirée straussienne racontaient, chacune à sa manière, une histoire.


Dans le cadre de leur cycle Strauss, Chung et le Philhar’ avaient notamment donné, fin avril (voir ici), Don Quichotte (1897). Ici aussi, ce sont des musiciens de l’orchestre – Eric Picard au violoncelle et Ana Bela Chaves à l’alto, chacun au devant d’un pupitre fort de douze unités – qui jouent les deux rôles solistes, sans forcer autant sur la caractérisation de leurs «personnages» respectifs, alors que Christoph Eschenbach, au contraire, brosse une fresque colorée et narrative. Comme à plusieurs reprises au cours de cette année, les effectifs sont augmentés de stagiaires des deux conservatoires supérieurs de Paris (CNSMDP et CNR), parmi lesquels une tubiste tenant admirablement la délicate partie de ténor qui contribue, avec l’alto et la clarinette basse, à caractériser Sancho Pança.


Exactement cinquante ans plus tard, Strauss a adopté un ton plus néoclassique, mais a toujours envie de raconter des histoires. Car derrière un intitulé qui ne laisse pas supposer autre chose que de la musique pure, le Duett-concertino (1947) pour clarinette, basson, cordes et harpe s’apparente à un conte: dans une sorte de variante de La Belle et la Bête, une princesse (la clarinette) charme un ours (le basson), qui se transforme bien évidemment en prince pour une gracieuse danse finale. Ici encore, les solistes de l’Orchestre de Paris, partageant la même partition au devant de la scène, sidèrent par leurs qualités, que ce soit la clarinette fine, ductile et veloutée de Philippe Berrod ou le basson agile, chantant et précis de Marc Trénel. Tendre et malicieuse, leur complicité est favorisée par un accompagnement allégé (trente cordes), quoique vigoureux et parfois même sec, l’ensemble tendant à la musique de chambre, d’autant que l’écriture privilégie l’émergence d’un concertino constitué par les chefs des cinq pupitres de cordes.


Un an plus tôt, Strauss a mis au point la Grande suite tirée de son Chevalier à la rose (1910), qui se présente, davantage que les deux Suites de valses (1934 et 1944) qu’il en avait précédemment extraites, comme un condensé symphonique de l’opéra. Mettant un point final à une brillante saison, cette interprétation pourrait la résumer sans peine, tant elle est emblématique de ce qu’on y a si souvent entendu: un chef qui dirige de façon puissante, tendue et cinglante, tout en démontrant une maîtrise fascinante des phrasés et des grandes courbes expressives, et qui est servi par une qualité instrumentale – plus particulièrement, en l’espèce, celle des six cors emmenés par André Cazalet – d’une régularité qui n’a sans doute pas son pareil à Paris.



Simon Corley

 

 

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