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Retour de l'enfant prodigue

Birmingham
Symphony Hall
06/08/2004 -  
Gustav Mahler: 8e Symphonie "des Mille"
City of Birmingham Symphony Chorus, London Symphony Chorus, City of Birmigham Symphony Youth Chorus, Toronto Children's Chorus, Christine Brewer, Soile Isokoski, Juliane Banse (Sopranos), Birgit Rellert, Jane Henschel (Mezzo-Sopranos), Jon Villars (Ténor), David Wilson-Johnson (Baryton), John Relyea (Basse), City of Birmingham Symphony Orchestra, Sir Simon Rattle (direction)

Ces quelques lignes en hommage à Henri Bellaunay, virtuose des mots qui a appris à toute une génération à apprécier des textes comme nous apprécions la musique


La 8 symphonie dites des Mille de Gustav Mahler est rarement jouée. Ceci est avant tout du à son effectif: deux chœurs, un chœur d’enfant, 8 solistes et un orchestre monumental, si j’ai bien compté, d’environ 130 instrumentistes. La symphonie des Mille est une des rares œuvres où il doit y avoir plus de personnes sur scène … que dans le public. Il n’est enfin pas évident de trouver une salle dont la taille et l’acoustique permette de respecter les équilibres voulus par le compositeur et en particulier la polyphonie des deux chœurs. C’est pour cette raison que cette œuvre est fondamentalement mieux connue en disque qu’en concert et c’est donc pour cette raison qu’elle est fondamentalement méconnue : elle est aussi difficile à jouer qu’à enregistrer.


A tout point de vue, l’exécution de cette œuvre par Sir Simon Rattle dans son ancien fief de Birmingham est une vraie révélation. Rattle bénéficie tout d’abord de l’excellente salle du « Symphony Hall » de Birmingham. Comme le monde musical l’avait salué à son ouverture, cette salle est parmi les meilleures du monde et peut se comparer au Musikverien de Vienne, au Symphony Hall de Boston ou au Concertgebouw d’Amsterdam. Elle est bâtie non en profondeur mais en hauteur et en largeur, ce qui fait que l’on peut bien voir de partout et possède une fabuleuse réverbération. Concertonet a souvent regretté que Paris n’ait pas de salle de concert digne de ce nom en France, les Parisiens peuvent à juste titre être envieux de celle de Birmingham. Aucune salle Parisienne n’auraient les volumes et l’espace qui permettent de rendre justice à la délicate polyphonie des deux chœurs voulue par le compositeur.


Mahler fait partie des compositeurs auquel le chef Anglais est étroitement associé. Il sait travailler la pâte orchestrale pour la clarifier et faire ressortir la filiation vers la deuxième école de Vienne. Partition en main, il est possible d’apprécier le travail si fouillé du chef, capable de faire ressortir tous les détails de l’orchestration du compositeur. Rattle fait également preuve d’une réelle maîtrise de la ligne musicale que ce soit avec force et énergie dans le dionysiaque premier mouvement ou dans un rythme plus calme dans la fin de la deuxième partie, qui n’est pas sans évoquer l’enchantement du Vendredi-Saint du Parsifal de Richard Wagner. Ses solistes sont homogènes et de grande qualité, avec une mention spéciale pour les deux premières sopranos, Christine Brewer au format vocal Wagnérien et Soile Isokowksi, plus Mozartienne et si émouvante dans son solo au deuxième mouvement. L’Angleterre est un pays de tradition chorale. Les deux chœurs du CBSO et du Symphonique de Londres sont superbes et, fait remarquable, leur diction est particulièrement soignée que ce soit en Latin ou en Allemand.


Certains journaux Allemands se sont fait l’écho de fissures qui sembleraient apparaître entre Rattle et son nouvel ensemble, l’orchestre Philharmonique de Berlin. Pour avoir entendu récemment ce chef à Berlin et à Birmingham, il me semble que la réalité est plus complexe. Ce chef, plus que tout autre sait positivement challenger et repousser les limites de ses musiciens. Certes, l’orchestre Philharmonique de Berlin aurait sans aucun doute triomphé des demandes de son directeur musical sans aucun problème et aurait fait bénéficier l’œuvre d’une splendeur sonore qui leur est coutumière. Il y a cependant dans la prestation de leurs collègues de Birmingham une tension bien plus palpable, une sentiment qu’ils prennent des risques musicaux et artistiques plus réels et qu’ils cherchent vraiment à se dépasser pour cette exécution. Ceci peut paraître paradoxal mais la qualité du niveau instrumental de l’Orchestre Philharmonique de Berlin dessert probablement Rattle et ne lui permet pas d’obtenir le même les résultats artistiques qu’il sait toujours obtenir de son ancien orchestre de Birmingham.



Antoine Leboyer

 

 

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