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Double viennois

Paris
Théâtre Mogador
06/10/2004 -  
Franz Schreker : Symphonie de chambre
Arnold Schönberg : Lied der Waldtaube
Anton Bruckner : Symphonie n° 9, G.A. 124 (*)

Yvonne Naef (mezzo)
Ensemble Intercontemporain, Orchestre de Paris (*), Christoph Eschenbach (direction)


La longue tradition des concerts à deux orchestres faisant se succéder l’Ensemble Intercontemporain puis l’Orchestre de Paris s’inscrivait idéalement, avec ce copieux programme, dans une saison que le second nommé a largement consacrée à Vienne au tournant du siècle passé.


Il est réjouissant de constater qu’après les excellents souvenirs qu’en ont laissé à Radio France Michael Gielen en 1995 puis Kazushi Ono en 2003 (voir ici), la Symphonie de chambre (1916) de Schreker connaît un regain de faveur à Paris. L’acoustique du théâtre ne rend pas nécessairement justice à la complexité contrapuntique de la partition, mais la vision de Christoph Eschenbach, parfois trop raide, semble souffrir d’un manque de poésie et de mystère, qui ne parviennent véritablement à s’installer que dans la conclusion.


Schönberg, avec sa Première symphonie de chambre, antérieure de neuf ans, a peut-être constitué un modèle formel plus qu’esthétique pour Schreker. C’est toutefois dans le Chant du ramier, extrait des Gurre-Lieder (1911), tel que le compositeur le réduisit lui-même, en 1922, pour dix-sept instruments, que l’Ensemble Intercontemporain, visiblement ravi de travailler avec le chef allemand, accompagne ensuite Yvonne Naef. Si, malgré le caractère restreint de l’effectif instrumental – plus riche en bois que celui de Schreker, mais allégé en cordes ainsi qu’en cuivres et dépourvu de percussion – la mezzo suisse peine quelquefois à le dominer, elle n’en délivre pas moins une prestation de très grande qualité, d’un style impeccable, puissante sans pour autant crier et à l’aise sur l’ensemble de sa tessiture.


Un mois après une époustouflante lecture de la Septième symphonie avec l’Orchestre de Philadelphie (voir ici), Eschenbach aborde la Neuvième symphonie (1896) de Bruckner. Si le résultat n’est peut-être pas aussi miraculeux, cela tient essentiellement à la tentation de concéder quelques effets appuyés ou alanguissements expressifs, comme de ralentir presque systématiquement avant chaque point culminant.


Mais hormis cette différence, l’approche n’a pas fondamentalement varié: des tempi globalement lents (plus de vingt-sept minutes pour le premier mouvement), étirant parfois le discours jusqu’à l’extrême, mais soumis à d’importantes fluctuations; un remarquable sens de la construction et une formidable capacité, par des phrasés tendus au maximum, à tracer de grandes courbes; un côté spectaculaire, voire hédoniste, totalement assumé; enfin, une grande qualité de travail orchestral, tant du point de vue de la sonorité d’ensemble que de la clarté de la polyphonie. Plus charnelle que métaphysique, cette interprétation, sans être lourde ou massive, n’hésite pas à jouer sur la puissance – du coup, le «cri» qui précède la coda de l’Adagio final rappelle celui d’une autre grande inachevée, la Dixième de Mahler, tandis que certains pupitres (clarinettes, cors) n’hésitent pas à lever haut leur pavillon – mais sait également faire preuve de finesse (Trio du mouvement central). Col ouvert, les musiciens de l’Orchestre de Paris, et plus particulièrement les seize cuivres, parfaitement en ordre de bataille, livrent une fois de plus un combat victorieux, y compris contre la chaleur étouffante qui règne sur la capitale.



Simon Corley

 

 

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