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Tours s’offre trois Tristan

Tours
Grand théâtre
05/21/2004 -  et 23, 25 mai
Richard Wagner : Tristan et Isolde


Joanna Porackova (Isolde), Dalia Schaechter (Brangäne), Wolfgang Neumann (Tristan), Scott Wilde (Marke), Robert Bork (Kurwenal), Philippe Bohée (Melot), Eric Huchet (Un berger, un marin), Jean-Louis Mélet (Un timonier)
Chœurs de l’Opéra de Tours, Aurore Marchand (chef des chœurs), Richard Créceveur (mise en lumière)
Orchestre symphonique Région Centre Tours, direction: Jean-Yves Ossonce


Il se dit que Jean-Yves Ossonce a réalisé un beau travail à la tête de l’Orchestre symphonique Région Centre Tours depuis 1995 et de l’Opéra de Tours depuis 1999. L’occasion était donnée de le vérifier avec un projet ambitieux: trois représentations de Tristan et Isolde de Wagner en version de concert. Ambitieux, car, à Paris comme en province, le drame wagnérien ne constitue pas nécessairement le pain quotidien du public et des formations symphoniques, surtout, comme ici, lorsqu’il s’agit d’un ensemble relativement jeune et d’un chef à l’expérience lyrique certes étendue (de Chabrier à Ropartz en passant par Mascagni ou Offenbach) mais que l’on ne connaissait pas encore dans Wagner.


Plutôt que de tenter quelque vaine mise en espace, le spectacle joue pleinement la carte de la version de concert: solistes alignés sur le devant (à l’exception du berger, à l’arrière, ou de Brangäne au deuxième acte, en fond de salle) et ne tentant pas (ou peu) de mimer l’action, orchestre de taille relativement limitée (une petite cinquantaine de cordes) mais occupant largement le plateau, chœur situé dans les baignoires du premier balcon (ténors à gauche, basses à droite), simple «mise en lumière» due à Richard Créceveur, le régisseur de scène (sobre éclairage des chanteurs et couleurs – successivement bleu-vert, bleu nuit et gris – projetées sur murs latéraux), sous-titres sur un écran placé au-dessus de la scène.


La distribution réunie tient, pour l’essentiel, ses promesses. S’agissant d’une prise de rôle, il est compréhensible que Joanna Porackova semble encore quelque peu prisonnière de la partition et n’articule pas de façon suffisamment claire. Ce qui est plus contestable, c’est sa conception d’une Isolde plus proche de Brünnhilde, forçant la voix alors que la dimension de la salle, la direction attentive du chef et le nombre réduit de musiciens autorisaient sans doute une approche plus subtile ainsi qu’une déclamation et des gestes moins évocateurs de Sarah Bernhardt. A ses côtés, Dalia Schaechter est une Brangäne de premier ordre, tant par sa précision que par la qualité de son phrasé, dont on n’est pas surpris qu’elle ait été l’élève de Brigitte Fassbänder, qui a si brillamment illustré le rôle dans le passé.


Familier de ce répertoire (il a même chanté à Bayreuth), Wolfgang Neumann compose un Tristan plus subtil et lyrique que puissant ou héroïque, au timbre clair et à la diction exemplaire, auquel on pourra simplement reprocher une tendance à attaquer parfois les notes par en dessous. Il forme une équipe convaincante avec l’excellent Kurwenal de Robert Bork, qui restitue parfaitement le caractère fruste, énergique et un peu raide de son personnage.


Autre prise de rôle, celle de l’Américain Scott Wilde en Roi Marke, imposant de concentration, à l’aise sur toute l’étendue de sa tessiture, mettant intelligemment en valeur le texte, sans négliger pour autant l’expression, à la fois noble et vibrante.


Quelques attaques malheureuses n’auront en rien entaché la prestation de l’orchestre, plus sérieux que flamboyant, mais d’une tenue irréprochable du début jusqu’à la fin, sous la baguette probe et efficace d’Ossonce. On regrettera toutefois que celui-ci n’ait pu faire ressortir tous les raffinements de l’écriture, les bois ayant été relégués en fond de scène et, partant, quelque peu désavantagés par rapport aux cordes. Les chœurs de l’Opéra de Tours (renforcés pour atteindre un effectif de vingt-quatre chanteurs) défendent vaillamment les quelques interventions que leur concède le premier acte.


Même si le public reste assez traditionnel, impossible de ne pas parler ici d'un véritable effort de démocratisation de l'univers lyrique, au moins d’un point de vue financier, car il importe de souligner que ces quatre heures de musique sont proposées à des tarifs (de 7 à 38,50 €) dont il serait difficile de prétendre qu’ils sont déraisonnables.



Simon Corley

 

 

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