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Voyage astral

Montreal
Salle Wilfrid-Pelletier
05/12/2004 -  et le 14 mai 2004

Clermont Pépin : Le Rite du soleil noir
Maurice Ravel : Shéhérazade
Joseph Canteloube : Chants d’Auvergne, extraits
Gustav Holst : The Planets, opus 32




Frederica von Stade (mezzo-soprano)
Choeur et Orchestre symphonique de Montréal
Iwan Edwards (chef de chœur)
Jacques Lacombe (direction)



Il était bon de retrouver Jacques Lacombe au podium de l’Orchestre, après la grandiloquence par moments creuse d’un Pehlivanian ou d’un Tortelier (et dans ce dernier cas, quelle déception inattendue…). Son retour nous conscientise en quelque sorte sur notre attitude à son égard. On a en effet de plus en plus tendance à considérer ses extraordinaires qualités comme acquises, et c’est le contact avec certains autres chefs qui vient mettre en lumière sa personnalité musicale, d’une part, et sa technique de direction particulièrement bien huilée, d’autre part. Quoi qu’il en soit, l’orchestre a joué pour lui hier soir de manière remarquablement disciplinée, offrant à la fois une scintillante interprétation de la célèbre suite de Holst et un accompagnement tout aussi éblouissant (superbes solos instrumentaux inclus) des pages vocales.


Le Mai de l’art vocal battant son plein, la venue de la grande Frederica von Stade (Flicka pour les intimes), en première à l’OSM, constituait en elle-même le principal intérêt de ce concert. Au crépuscule d’une carrière qui aura vu défiler, entre autres, d’inoubliables Chérubin et Mélisande, la célèbre cantatrice américaine a donné une lecture du cycle de Ravel à marquer d’une pierre blanche. Comme chez Canteloube plus tard, difficile d’imaginer plus grande identification au texte et émotion plus sincère que celles démontrées par Mme von Stade, au surplus magnifiquement soutenue à chaque instant par Lacombe. Tous les textes sont mémorisés, la chanteuse ne faisant donc usage d’aucune partition. La chose peut sembler triviale, mais n’en dit pas moins long sur le degré de maturation d’une interprétation se déployant comme un séduisant kaléidoscope exotique.


Bien sûr le timbre n’a plus sa fraîcheur, l’intonation laisse à désirer par moments, l’instrument en lui-même est probablement fatigué, manque de souplesse dans l’aigu (nonobstant l’emploi d’une tessiture légèrement ingrate), mais quel métier, quelle superbe musicienne, quel grand art ! On fut témoin d’un de ces moments surprenants où les moyens expressifs dépassent largement les moyens techniques, pour notre plus grand bonheur. Longuement ovationnée, von Stade revint saluer de nombreuses fois, seule ou avec Lacombe, remerciant l’orchestre au passage, sans toutefois consentir de bis.


Basée sur un poème surréaliste d’Antonin Artaud, l’œuvre de Pépin qui ouvrait le concert se présente comme un véritable mouvement perpétuel dans lequel «les mythes chrétiens, solaires et indiens se recoupent, se mélangent, se combattent, se nient, se confirment en un torrent, un délire d’images poétiques…». L’exécution fut d’une virtuosité et d’une précision presque effroyables, préludant à la suite (un peu plus paisible) du voyage.






Renaud Loranger

 

 

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