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Esprit conquérant

Paris
Théâtre Mogador
05/08/2004 -  et 9 mai (Bagneux), 11 mai (Meudon), 12 mai (Corbeil-Essonnes)
Alban Berg : Concerto pour violon «A la mémoire d’un ange»
Gustav Mahler : Symphonie n° 1 «Titan»

Isabelle Faust (violon)
Orchestre national d’Ile-de-France, Oswald Sallaberger (direction)


«Autour de Vienne», tel était le titre retenu pour ce concert: titre non dépourvu d’ironie, en un sens, car les deux œuvres retenues par l’Orchestre national d’Ile-de-France ont été créées à Budapest et à Barcelone, tandis que leurs compositeurs, s’ils ont vécu et s’ils sont morts à Vienne, n’ont pas entretenu des rapports toujours très cordiaux avec la capitale de la double monarchie puis de la petite Autriche. Mais qu’importe, une fois de plus, le programme était superbe et ne manquait certes pas de cohérence, associant deux compositeurs dont la filiation a si souvent été mise en valeur.


Dans le Concerto à la mémoire d’un ange (1935) de Berg, Isabelle Faust, un peu trop accrochée à la partition qu’elle a sous les yeux, n’en privilégie pas moins une approche résolument postromantique, servie par une technique remarquable (puissance, sonorité, précision), n’hésitant pas à accentuer les contrastes, entre l’épanchement et le lyrisme, d’un côté, les aspects méditatifs ou même percussifs, de l’autre. L’accompagnement haut en couleurs, très détaillé, dispensé par Oswald Sallaberger, directeur musical de l’Opéra de Rouen, a le mérite de ne jamais couvrir la violoniste allemande. En bis, elle offre, en écho à la citation, à la fin du Concerto, du choral Es ist genug, le Largo de la Troisième sonate de Bach, très épuré, à la fois prudent et irréprochable.


La Première symphonie (1888) de Mahler donnée en seconde partie s’inscrit dans une saison parisienne qui s’apparente à une sorte de festival permanent consacré à ce compositeur: pour s’en tenir aux seules symphonies, un cycle à l’Orchestre de Paris (qui aura permis d’entendre les Première, Troisième et Quatrième), la Deuxième (Philharmonia/Salonen), la Neuvième (Vienne/Haitink, voir ici), la Septième (Lille/Judd, voir voir ici) et, d’ici quelques semaines, la Cinquième (National/Haitink). Sans compter, dès la rentrée prochaine, une intégrale par l’Orchestre philharmonique de Radio France et son directeur musical, Myung-Whun Chung!


Dans cet univers très concurrentiel, l’Orchestre national d’Ile-de-France et son chef, à la battue irrégulière et aux sautillements inhabituels, inquiètent d’abord quelque peu, avec un premier mouvement incertain: conception plus sensible à la dynamique du discours qu’à la poésie ou aux timbres, introduction trop vive et prosaïque, pupitres pas toujours très à leur avantage. Heureusement, l’impression change radicalement à partir du deuxième mouvement, plein d’humour et de verdeur, dont la lourdeur rustique n’est pas trop soulignée, notamment dans une gracieuse valse centrale. De même, le trait parodique n’est pas forcé dans le mouvement lent, tant la marche que la section «tzigane». Sallaberger enchaîne sans interruption, comme il se doit, avec un Finale spectaculaire, strident à souhait, très allant, y compris dans les deux respirations de caractère lyrique. Malgré l’acoustique peu favorable de Mogador, la clarté des différents plans sonores est parfaitement assurée. De façon réconfortante, la conclusion respecte fidèlement les indications de Mahler: les sept cornistes se lèvent pour entonner le choral triomphal, tandis que les vents lèvent bien haut leur pavillon.


Un esprit conquérant qui fait plaisir et à voir et à entendre, car si c’est Bertrand Le Monnier, violon solo, qui tenait ici le rôle de konzertmeister, on relève cependant, dans la composition de l’orchestre annexée aux notes de programme, que l’un des deux postes de «premier violon supersoliste» est enfin pourvu et ce, avec d’autant plus de satisfaction qu’il échoit à Anne-Estelle Médouze, une jeune musicienne qui avait fait forte impression comme leader du Quatuor Alma (voir voir ici).



Simon Corley

 

 

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