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Rückert et Cervantès en musique

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/30/2004 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 28, K. 189k
Gustav Mahler : Rückert-Lieder
Richard Strauss : Don Quichotte, opus 35

Waltraud Meier (mezzo), Eric Levionnois (violoncelle), Jean-Baptiste Brunier (alto)
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


L’Orchestre philharmonique de Radio France et Myung-Whun Chung proposaient le troisième volet d’une série de quatre concerts autour de Richard Strauss (voir précédemment ici et ici), avec un programme associant Mozart, un compositeur qu’il vénérait (et dirigeait), et Mahler, l’un de ses contemporains (et rivaux).


Six jours après la Quarantième (voir ici), l’orchestre et son directeur musical offraient la Vingt-huitième symphonie (1773), la moins connue de la trilogie de l’hiver 1773-1774 qu’elle forme avec les Vingt-cinquième et Vingt-neuvième. Dans une approche toujours aussi personnelle et travaillée jusque dans le moindre détail, le chef met en valeur aussi bien les éléments préromantiques – notamment dans un Andante très étiré, au bord de l’asphyxie – que le caractère éminemment classique de cette symphonie, particulièrement dans le Presto final, incisif, transparent et très enlevé.


Dans les deux premiers Rückert-Lieder (1902) de Mahler, Waltraud Meier se débat avec des problèmes d’émission et de justesse, mais abordant ensuite le cœur expressif de ce cycle (Um Mitternacht et Ich bin der Welt abhanden gekommen), la grande mezzo wagnérienne retrouve heureusement tous les qualités qu’on lui connaît: diction et intelligence du texte, puissance, splendeur du timbre, sens dramatique. L’accompagnement orchestral, allant, acéré et attentif, augure bien de l’intégrale des dix symphonies de Mahler que Chung et ses musiciens donneront la saison prochaine.


L’un des intérêts d’un cycle tel que celui consacré par le Philharmonique à Richard Strauss est de présenter des pages moins souvent fréquentées, comme Don Quichotte (1897), quelque peu resté dans l’ombre des premiers poèmes symphoniques (Don Juan, Mort et transfiguration ou Till Eulenspiegel). Il est vrai que sa forme et son effectif sont originaux, même si celui-ci rappelle étrangement Harold en Italie de Berlioz: en effet, dans un cas comme dans l’autre, la transposition de la littérature à la musique transforme le héros en instrument soliste face à l’orchestre. A la tête d’une formation gigantesque (soixante-huit cordes) qui occupe tout le plateau du Théâtre des Champs-Elysées, Chung ne passe pas en force pour autant et n’en rajoute pas, dans une interprétation toujours parfaitement tenue, où la finesse, la souplesse, l’élégance, l’humour, le refus des clins d’œil faciles et du pittoresque prédominent. Les excellents chefs de pupitres de l’orchestre ne font pas de l’œuvre un concerto et continuent de faire corps avec leurs camarades, que ce soit le violoncelle (Don Quichotte) au chant idéalement simple et retenu d’Eric Levionnois ou l’alto (Sancho Pança) délicieusement trivial de Jean-Baptiste Brunier.


A nouveau une belle prestation de Chung et du Philharmonique, qui, au-delà du nombreux public, aura sans doute réjoui les auditeurs des radios européennes (à commencer par France Musiques) qui retransmettaient ce concert en direct.



Simon Corley

 

 

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