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Chung révise les classiques

Paris
Cité de la musique
04/24/2004 -  
Ivan Fedele : Accords (création française)
Joseph Haydn : Symphonie concertante (n° 105)
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 40, K. 550

Hélène Devilleneuve (hautbois), Jean-François Duquesnoy (basson), Hélène Collerette (violon), Daniel Raclot (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


Deuxième d’un cycle de trois manifestations proposé par la Cité de la musique autour du compositeur italien Ivan Fedele (né en 1953), ce programme donné, entre deux représentations de Tannhäuser au Châtelet (voir ici), par l’Orchestre philharmonique de Radio France était dédié à la mémoire de celui qui en fut le premier violon solo de 1977 à 1993, Jacques Prat, disparu le 9 mars dernier.


En création française, Accords (2003) est une extension de Chord (1986): de dix musiciens, Fedele passe ainsi à un orchestre de chambre (vingt-deux cordes, clarinettes et cors par deux, harpe et deux percussionnistes). Le principe en reste le même, obéissant en quelque sorte à une succession thèse/antithèse/synthèse: une section continûment volubile, bien que constituée à partir de très brefs fragments, contraste ainsi avec une section plus statique, partant des vents et des cordes solistes, dont le propos et l’allure se fondent progressivement avec ceux de la première section. Mais ce n’est pas principalement une impression dialectique ou didactique qui émane de la partition, tant le foisonnement d’idées et la richesse des couleurs suffisent à maintenir l’attention durant ces onze minutes.


Même s’il se compare à un archéologue dont l’imagination sonde les strates formées par la sédimentation de musiques de différentes époques, on n’épiloguera pas longuement sur le rapport entre Fedele, d’un côté, et le classicisme viennois, de l’autre: plutôt que de chercher en vain une quelconque cohérence dans le choix des œuvres, mieux valait en effet se réjouir que la suite de la soirée permette d’entendre Myung-Whun Chung dans un répertoire où on l’attendait peut-être moins.


Comme Mozart dans sa Symphonie concertante pour vents ou Beethoven dans son Triple concerto, Haydn, dans sa Symphonie concertante (n° 105) pour hautbois, basson, violon et violoncelle (1792), semble étrangement en retrait, contrôlant sa plume et faisant obédience aux contraintes formelles et stylistiques d’un genre fortement marqué par l’école française. Cela étant, Martinu en était suffisamment épris pour lui rendre un hommage explicite dans sa Seconde symphonie concertante (1949), également en si bémol et destinée aux mêmes solistes, que l’on aurait d’ailleurs aisément pu offrir pour l’occasion, vu la brièveté du concert. Si les quatre instruments sont traités sur le même plan, à l’exception des courtes cadences dévolues au violon dans l’Allegro con spirito final, la densité et la concision du maître d’Esterhazy laissent ici la place au plaisir d’un divertissement de qualité, d’autant que Chung parvient à y concilier vigueur, grâce et finesse.


Que faire face à une symphonie aussi célèbre que la Quarantième (1788) de Mozart? Négocier l’obstacle en s’en tenant à une prudente lecture? On se doute que ce n’est pas le choix d’une personnalité telle que Chung, qui en revendique une interprétation subjective et peu orthodoxe, quoique respectant presque toutes les reprises et mettant en valeur certaines voix secondaires. Cultivant une veine préromantique et ne dédaignant pas le rubato, il fait jouer pleinement les contrastes entre l’urgence des premiers thèmes et l’apaisement des seconds thèmes (Molto allegro initial, Allegro assai final), procédant de même avec un Menuetto bien carré et son lumineux Trio, au prix d’un manque d’unité du discours. Le relatif répit apporté par l’Andante est souligné, quant à lui, par le souci apporté au moelleux des timbres et par une tendance à l’alanguissement expressif. Cette vision très engagée reçoit un accueil chaleureux du public, qui avait presque entièrement rempli la Grande salle.



Simon Corley

 

 

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