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Face à face Paris
Théâtre Mogador
02/07/2004 -
Claude Debussy : Prélude à l’Après-midi d’un faune (arrangement Eisler)
Gabriel Fauré : Pelléas et Mélisande, opus 80 (arrangement Dalbavie)
Ferruccio Busoni : Berceuse élégiaque, opus 42 (arrangement Schönberg)
Gustav Mahler : Lieder eines fahrenden Gesellen (arrangement Schönberg)
Laurent Naouri (baryton)
Vincent Lucas (flûte), Alexandre Gattet (hautbois, percussion), Philippe Berrod (clarinette), Roland Daugareil (violon), Fabien Boudot (violon, percussion), Marie Poulanges (alto), Eric Picard (violoncelle), Sandrine Vautrin (contrebasse), Eric Sammut (harmonium), Stéphane Petitjean (piano)
Au lendemain d’un intéressant concert (voir ici) et entre deux représentations du Fou de Landowski, dans le cadre de l’un de ces samedis matin au cours desquels un musicien de l’Orchestre de Paris a carte blanche pour concocter un programme de musique de chambre qu’il donne avec quelques-uns de ses camarades, Eric Picard, premier violoncelle solo, proposait une heure d’une remarquable cohérence, intitulée «Face à face» et comprenant des arrangements de quatre œuvres pour orchestre, françaises et germaniques, composées dans un laps de temps d’un quart de siècle (1885-1910).
A trois arrangements désormais assez connus, réalisés par Schönberg et Eisler pour la «société de concerts musicaux privés» créée en 1918 par le premier nommé (et à laquelle collaborèrent également, entre autres, Berg et Webern), se joignait ainsi un arrangement ad hoc de Marc-André Dalbavie, compositeur en résidence à l’Orchestre de Paris. Regroupement aussi pratique qu’opportun, ces quatre adaptations présentant en effet l’avantage d’être destinées à un effectif quasi identique: autour d’un quintette à cordes (mené par Roland Daugareil), une flûte, un hautbois, une clarinette, un piano, un harmonium et, le cas échéant, quelques touches percussives jouées successivement… par le second violon et par le hautbois.
L’arrangement du Prélude à l’Après-midi d’un faune (1892) de Debussy est dû à Eisler. Moins capiteuse que celle des musiciens réunis à Prades cet été (voir ici), l’approche se veut plus poétique, en demi-teintes, l’absence de chef ne se faisant nullement sentir, tant dans la mise en place que dans l’équilibre entre les pupitres.
Au moment où la pièce de Maeterlinck est produite mise en scène par Alain Ollivier au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis, Marc-André Dalbavie adapte Pelléas et Mélisande (1898) de Fauré. Dans un premier temps, Fauré n’avait d’ailleurs pas lui-même orchestré sa partition, en laissant le soin à Koechlin, mais il en effectua ensuite lui-même une instrumentation trois ans plus tard. Dalbavie a repris la même formation qu’Eisler, même s’il ne sollicite pas (Prélude) ou peu (La Fileuse) le piano dans les deux premières pièces. Non sans jeu, c’est en revanche au piano qu’il confie le premier énoncé du fameux thème de la Sicilienne, la flûte reprenant ensuite ses droits. La subtilité du travail frappe sans cesse, comme ces admirables volutes de la flûte alto et de la clarinette dans La Fileuse.
Deux arrangements de Schönberg, excluant désormais le hautbois, concluaient le concert, avec d’abord la Berceuse élégiaque (1910) de Ferruccio Busoni, brève mais importante, dont il est inexplicable que la version orchestrale ne figure pas plus souvent à l’affiche. Cela étant, la transcription de Schönberg permet de savourer la tonalité fuyante de cette pièce, un peu à la manière du dernier Liszt, dont on comprend qu’elle ait pu captiver le fondateur de la seconde Ecole de Vienne.
Enfin, Laurent Naouri, dans les Lieder eines fahrenden Gesellen (1885) de Mahler, fait valoir des graves d’une superbe profondeur, un souci constant du phrasé et de la diction, parfois à la limite du récitatif ou du mélodrame, et un engagement romantique très prononcé.
Simon Corley
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