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La rencontre réussie de Bob Wilson avec la tragédie-opéra de Gluck

Bruxelles
La Monnaie
01/23/2004 -  et les 25*, 27, 29 janvier et les 1er, 3, 5, 7, 10 février 2004
Christoph Willibald Gluck: Alceste (version de Paris- 1776)
Katarina Karnéus (Alceste), Kurt Streit (Admète), David Wilson-Johnson (le Grand-Prêtre d’Apollon), Nathaniel Webster (Hercule), James Gilchrist (Evandre), Nabil Suliman (Apollon/ Un Hérault d’armes), Henry Waddington (L’Oracle/Un Dieu infernal), Céline Scheen (une Coryphée), Françoise Renson, Beata Morawska, Marc Coulon, Damien Parmentier (Coryphées)
Robert Wilson (mise en scène, éclairages et scénographie), Frida Parmeggiani (costumes), Aj Weissbard (éclairages), Giuseppe Frigeni (co-réalisation de la mise en scène et de la chorégraphie), Arco Renz, Makram Hamdan (collaboration à la mise en scène), Laurent Berger (collaboration à la scénographie), Renato Balsadonna (chef des chœurs), Orchestre Symphonique et Chœurs de la Monnaie, Ivor Bolton (direction musicale)
Production du Théâtre du Châtelet (1999)

Invitée à la Monnaie, cette production d’ Alceste de Gluck est désormais bien connue puisqu’un enregistrement DVD a immortalisé la production lors de sa création au Châtelet. Ainsi que le soulignait Vincent Agrech à l’époque (lire ici), il s’agit d’une des plus grandes réussites de Robert Wilson, l’univers gluckiste étant abordé avec un usage minimal des tics récurrents de ses mises en scène habituelles. L’émotion naît alors de la plus grande liberté de mouvements auxquels les personnages sont soumis, tout en gardant les codes qui font la marque de Wilson mais qui s’accordent mieux que d’habitude à l’œuvre. La beauté purement esthétique des tableaux par leurs couleurs synergiques à la situation scénique , leurs éclairages subtils, une scénographie réfléchie (ce cube modulable angoissant par l’importance qu’il prend peu à peu au cours de la représentation est bien en accord avec le ressenti émotionnel d’Alceste) contribuent à convaincre de la réussite et de la pertinence du projet.
Production importée certes…mais la Monnaie en propose une réalisation musicale complètement différente des représentations parisiennes. Sont à saluer en premier lieu les Chœurs de la Monnaie sans cesse sollicités (souvent hors scène) et parfaits de style, de nuances, d’émotion. L’intéressante contribution d’Ivor Bolton dans le programme montre combien le chef s’est investi dans une réflexion sur l’interprétation et la plupart de ses choix, argumentes, trouvent leur répondant effectivement dans la réalisation qu’il nous propose où la souplesse, la tension sur le fil, l’équilibre avec le plateau font merveille. Reste le délicat problème de la distribution…et de la difficulté à trouver des interprètes ayant à la fois des moyens surhumains mais aussi une adéquation au style bien particulier de la déclamation si particulière à la tragédie-opéra que Gluck inventa. Ainsi Katarina Karnéus, splendide chanteuse, au timbre plein et coloré, actrice jusqu’au bout des ongles, attentive aux nuances serait une Alceste idéale si elle pouvait interpréter le texte distinctement, ce qu’elle ne fait qu’occasionnellement. Dommage certes, mais l’on se résout à l’aimer tant elle s’implique dans la psychologie du personnage, tant la voix est belle et saine, tant la musicienne exquise. Kurt Streit possède lui comme peu d’autres cette qualité essentielle de l’intelligibilité du texte dont on ne perd un seul mot ; sa voix solide, qui a gagné en puissance et en couleurs, sa présence scénique magnifique forcent l’admiration. Si David Wilson-Johnson et Henry Waddington n’arrivent pas à trouver leur marque et finissent par se faire oublier, nous avons un lot impressionnant de révélations tels que l’Hercule fil-de-fer de Nathaniel Webster, au chant solide et héroïque, l’Evandre sensible de James Gilchrist et l’Apollon prometteur de Nabil Suliman, sans oublier dans un rôle mineur de Coryphée une personnalité qui devrait faire parler d’elle, Céline Scheen, voix délicate et idéale de style.
La retransmission à la radio de ce spectacle aura lieu en direct lors de la représentation du samedi 7 février sur Musiques 3 et Klara.


Christophe Vetter

 

 

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