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Contrastes

Paris
Salle Pleyel
03/11/2000 -  
Ludwig van Beethoven : Triple concerto, en ut majeur, opus 56
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 11, en sol mineur, opus 103 « 1905 »

Trio Wanderer : Vincent Coq (piano), Jean-Marc Philips-Varjabédian (violon), Raphaël Pidoux (violoncelle)
Orchestre national d’Ile-de-France, Jacques Mercier (direction)

La raison d’être de l’Orchestre national d’Ile-de-France est de faire partager à un vaste public Dutilleux, Mahler et Sibelius jusque dans les lieux les plus reculés d’une région qui regroupe un cinquième de la population française. Mais il est bon qu’il puisse faire étape de temps en temps à Paris, juste contrepartie d’une action pédagogique remarquable et de progrès continus.

Cherchant, dans une conférence introductive digne de ce nom, à la différence des « avant-concerts » de l’Ensemble orchestral de Paris, à trouver une justification au rapprochement des deux oeuvres programmées, Georges Boyer s’en tirait en mettant les deux compositeurs sous un même chapeau de « découvreurs ». On lui aurait pourtant fort bien pardonné de ne trouver aucun point commun entre l’étrange concerto de Beethoven et la puissante symphonie de Chostakovitch.

Oeuvre bavarde, décorative, mal orchestrée, d’une construction lâche, privilégiant une succession de solos plutôt qu’une véritable écriture en trio, le Triple concerto, anomalie dans la production contemporaine de Beethoven (la Symphonie Héroïque, le Concerto pour piano n° 4, les sonates Waldstein, Appassionata et A Kreutzer), n’en offre pas moins aux solistes d’agréables traits virtuoses. Le recours à un formation constituée contribue heureusement à donner un semblant d’homogénéité à cette oeuvre hybride, car les musiciens du Trio Wanderer atteignent d’emblée cet équilibre qui fait parfois défaut à un attelage de trois individualités. Avec distinction, voire une certaine distance, presque trop réservés, ils sauvent ce qui peut l’être dans une telle oeuvre, parfaitement soutenus par un orchestre attentif et précis.

L’une des plus sous-estimées, avec la Deuxième, la Onzième Symphonie de Chostakovitch peut pourtant être considérée comme un témoignage sincère et personnel. S’agit-il seulement de rendre hommage aux victimes russes de 1905? Le compositeur n’a-t-il pas également à l’esprit l’insurrection hongroise en 1956, écrasée au moment même où il écrivait cette commande pour le quarantième anniversaire de la révolution de 1917 ? Le doute est permis lorsque l’on connaît le peu d’enthousiasme que Chostakovitch devait mettre, quatre ans plus tard, dans son hommage à ladite révolution (Douzième Symphonie). S’accommodant habilement des citations obligées de chants révolutionnaires, il est à sonmeilleur lorsque l’anecdote historique passe au l’arrière-plan, dans les deux derniers mouvements, qui décrivent une vaste allégorie (recueillement, puis révolte) de portée universelle, à l’image des Cinquième et Septième.

Jacques Mercier conduit ses troupes, techniquement au point, avec une grande efficacité dans les mouvements vifs, très spectaculaires Toutefois, trop rapide et pas assez engagé dans les mouvements lents, il perd une partie de la force expressive de cette symphonie ; dans l’adagio initial, il ne parvient pas à faire ressentir l’attente sourde, la tension latente qu’exprime la musique derrière la simplicité des moyens employés. Le résultat global est cependant suffisamment satisfaisant pour que le public enthousiaste souhaite obtenir, en bis, les dernières pages du Tocsin final.



Simon Corley

 

 

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