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Ode aux créateurs

Montreal
Salle Wilfrid-Pelletier
01/21/2004 -  

Edward Elgar : Chanson de matin, Chanson de nuit, Salut d’amour;
Sea Pictures, op. 37; The Music Makers, op. 69




Marie-Nicole Lemieux (contralto)
Chœur et Orchestre symphonique de Montréal
Iwan Edwards (chef de chœur)
Franz-Paul Decker (direction)



Il faut reconnaître que le pari était en lui-même un peu risqué : élaborer un concert symphonique alentour d’œuvres rares, sinon tout à fait obscures, de Sir Edward Elgar, compositeur relativement peu connu et peu joué à notre époque, éclipsé à la sienne par un Debussy, voire un Ravel…Non seulement le pari fut-il réussi, mais l’on eut droit à une soirée à la fois surprenante et bouleversante. Certes l’œuvre d’Elgar en elle-même n’a probablement pas à être considérée globalement comme l’une des plus importantes de l’Histoire; j’irais jusqu’à dire que sa musique est loin d’être fondamentalement nécessaire. C’est-là une preuve supplémentaire du talent et de l’inspiration des interprètes de ce concert : pas une seule seconde d’ennui, dans ces deux heures et des poussières que dure le programme, on se laisse dès le début envelopper dans une douce grisaille pour ressortir profondément ému de l’audition, en première montréalaise (et possiblement canadienne) des Music Makers. L’œuvre constitue à juste titre le summum de la soirée : Decker tire de l’orchestre et du chœur des couleurs magnifiques dans une échelle dynamique allant de pp à mf (fabuleux retour final sur le We are the dreamers of dreams), la somptueuse Marie-Nicole Lemieux nous fait encore don de son extraordinaire instrument, de cette savoureuse rondeur, de cette ampleur sonore, de cette homogénéité rare et de cette palette chatoyante dans le bas médium, tous s’unissant dans la réalisation d’un grand moment de Musique (d’Art, simplement), interpellant la sensibilité de chaque auditeur et éventuellement de chaque créateur présent en livrant de façon si sentie le beau texte d’Arthur O’Shaughnessy (1844-1881). L’accord final s’évanouissant dans un decrescendo irréel, le long silence qui précède les premiers applaudissements est criant d’éloquence. En première partie, Decker dirigea avec infiniment de tendresse quelques miniatures orchestrales, et Lemieux donna avec beaucoup de sincérité et d’engagement les sombres et tranquilles Sea Pictures.


Renaud Loranger

 

 

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