About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

En attendant juillet

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/17/2004 -  
Arvo Pärt : Fratres (*)
Franz Schubert : Trio avec piano n° 1, D. 898 (**) – Octuor, D. 803

Michel Lethiec (clarinette), Milan Turkovic (basson), Eric Ruske (cor), Gérard Poulet (**), Mihaela Martin, Stephan Picard (violon), Nobuko Imai (alto), Arto Noras (**), Frans Helmerson (violoncelle), Niek de Groot (contrebasse), Christian Ivaldi (**) (piano)
Ensemble de violoncelles du Conservatoire de Paris (*)


Chaque année à la mi-janvier, le Festival Pablo Casals de Prades prend ses quartiers d’hiver au Théâtre des Champs-Elysées, ce qui permet à la fois de se rappeler les bons souvenirs de l’été précédent et de songer déjà à la cinquante-troisième édition qui, du 26 juillet au 13 août prochains, proposera vingt-six concerts saluant, sous le titre «Bienvenue en Europe», les dix Etats membres qui adhèrent en mai à l’Union européenne. Pour cette dernière des trois soirées parisiennes, la rétrospective – un généreux programme reprenant notamment l’intégralité de celui du concert de clôture du Festival 2003 – se conjugue donc à la promotion de la future affiche, tous les artistes présents étant annoncés à Prades cet été.


L’Ensemble de violoncelles du Conservatoire national supérieur de musique de Paris – qui, bien plus qu’une formation d’étudiants, consiste en l’association, sous la houlette de François Salque, de musiciens issus du Conservatoire – donne d’abord Fratres (1977) d’Arvo Pärt. Cette version pour douze violoncelles (1983) semble davantage faire ressortir le propos archaïsant du compositeur estonien. En revanche, le mouvement de flux puis de reflux de cette sorte de choral inlassablement répété et seulement ponctué de petits coups frappés avec l’archet ou en pizzicato, plus sensible dans les adaptations de cette pièce qui font appel à un orchestre à cordes, apparaît moins nettement ici, malgré l’extrême attention que les jeunes violoncellistes portent aux nuances.


Dans le Premier trio avec piano (1827) de Schubert, Gérard Poulet, qui était déjà de la fête en août dernier (voir ici), se retrouve cette fois-ci en compagnie d’Arto Noras et Christian Ivaldi, qui, décidément en pleine période Schubert – dont il donne en ce moment, avec son compère Pennetier, une intégrale de l’œuvre pour piano à quatre mains (voir ici et ici) – remplace au pied levé Brigitte Engerer, souffrante. Plus expansifs, lyriques et chaleureux qu’à Prades, les trois musiciens ne le cèdent nullement en finesse, en distinction, en modestie et en respect du texte. Ainsi, dans l’Andante un poco mosso, le piano d’Ivaldi, merveilleusement subtil et discret, soutient un dialogue de rêve entre Poulet et Noras.


De même qu’à Saint-Michel-de-Cuxà, où artistes et étudiants se mêlent joyeusement au public des concerts, c’est un esprit comparable, mais beaucoup moins usuel sous nos latitudes, qui règne aux Champs-Elysées: après les violoncellistes venus rejoindre la salle dès le Trio, c’est Ivaldi qui se faufile au parterre pour entendre l’Octuor (1824) de Schubert. Pour cette immense partition – plus d’une heure avec la reprise du premier mouvement – le Quatuor Michelangelo (Mihaela Martin, Stephan Picard, Nobuko Imai, Frans Helmerson) et Eric Ruske (cor) s’ajoutent à trois des héros de l’été dernier (Michel Lethiec, Milan Turkovic et Niek de Groot).


Dans une acoustique plus favorable à cette formation qu’au trio avec piano, la qualité des timbres frappe particulièrement. En état de grâce – la rare qualité d’écoute du public en témoigne – les artistes délivrent une lecture qui ne cantonne pas cet Octuor à un aspect purement divertissant. Si le texte tend spontanément à mettre en valeur la fougue de Mihaela Martin et l’incroyable qualité d’attaques et de phrasés de Michel Lethiec, c’est à l’ensemble des huit musiciens que l’on doit des moments d’une qualité aussi exceptionnelle que l’Adagio, la grâce un rien nostalgique du Menuetto ou la tension puis la libération de l’Andante molto et de l’Allegro finals, pris à bras-le-corps, avant que d’être bissés.



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com