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Zacharias l’éclaireur

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/05/2003 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 22, K. 482
Franz Schubert : Danses allemandes pour piano, D. 820 – Danses allemandes, D. 820 (orchestration Webern) – Symphonie n° 2, D. 125

Orchestre philharmonique de Radio France, Christian Zacharias (piano et direction)


Alors que la majorité des membres de l’Orchestre philharmonique de Radio France effectuent actuellement une tournée en Grèce avec leur directeur musical, Myung-Whun Chung, la petite trentaine de musiciens restés en France ne semble pas avoir regretté, loin s’en faut, la soirée passée avec Christian Zacharias. Comme en janvier dernier (voir ici), pour sa venue avec l’Orchestre de chambre de Lausanne, dont il est chef titulaire depuis 2000 (en même temps que «principal chef invité» de l’Orchestre symphonique de Göteborg depuis 2002), il avait choisi un concerto de Mozart et une symphonie de Schubert.


Dans le Vingt-deuxième concerto pour piano (1785) de Mozart, le pianiste allemand, spécialiste de ce répertoire qu’il dirige désormais lui-même depuis le clavier, se présente tel qu’on le connaît désormais bien, décidé à renouveler l’exercice, à multiplier les surprises, dans une approche à la fois fantasque et réfléchie. Ainsi la cadence de l’Allegro initial fait-elle dialoguer les bois et le piano, tandis que l’Andantino central du dernier mouvement est discrètement ornementé. Sans excès de pathos, l’Andante à variations laisse la place à un Allegro final conjuguant finesse et naturel. L’effectif allégé met superbement en valeur les sonorités des bois, dans cette oeuvre où les clarinettes ont remplacé les hautbois, d’autant que Zacharias soliste n’empiète nullement sur Zacharias chef, laissant au contraire largement s’exprimer l’orchestre. Plus que jamais, on pourra parler ici de conception chambriste.


Avec les Danses allemandes D. 820 (1824) de Schubert, le bis est en quelque sorte intégré par avance au déroulement du concert, les musiciens étant restés sur une scène presque plongée dans le noir pour entendre Zacharias livrer une vision hautement élaborée de ces six pièces tout sauf anecdotiques, insistant sur la subtilité harmonique et éclairant chaque note, chaque modulation, chaque phrasé avec une étonnante diversité de styles et de jeux. Après l’entracte, il dirigeait l’orchestration que réalisa Webern de ces mêmes Danses en 1931, semblant s’attarder encore plus sur le texte avec une gourmandise non dissimulée et variant avec soin les reprises.


La Deuxième symphonie (1815) de Schubert donnée par Zacharias avec vingt-quatre cordes n’a évidemment pas grand-chose à voir avec ce que Sawallisch obtenait, trois jours plus tôt, dans la Troisième, puisque, par coïncidence, l’Orchestre de Paris offrait un programme voisin, dans la même salle et autour des mêmes compositeurs (voir ici). Deux tendances prédominent, dans l’esprit rossinien des Ouvertures dans le style italien: transparence, légèreté, richesse du détail, netteté des attaques, d’un côté, caractère vivant, roboratif et rebondissant, de l’autre, et ce dès une introduction au rythme pointé bien marqué. Un Schubert globalement plus classique que romantique, par conséquent, avec une Deuxième qui serait ainsi la petite soeur de la Cent deuxième de Haydn ou de la Quatrième de Beethoven, dans la même tonalité de si bémol. Mais Zacharias sait également débusquer l’inquiétude sous la verve et le sourire, avec notamment un Presto vivace final au développement dramatique, voire sauvage. Saluée par un public enthousiaste et nombreux, l’entente avec les musiciens paraît exceptionnelle et, puisque – Zacharias dixit – «la prochaine fois, on préparera quelque chose», ils se contentent cette fois-ci de reprendre le Menuetto. Mais vivement la prochaine fois, en effet!



Simon Corley

 

 

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