About us / Contact

The Classical Music Network

Geneva

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Katia Kabanova à Genève

Geneva
Grand Théâtre
11/08/2003 -  11, 13, 15, 17 et 19 novembre
Leos Janacek : Katia Kabanova
Bernard Deletré (Dikoï), Peter Straka (Boris), Nadine Denize (Kabanikha), Peter Hoare (Tikhon), Cheryl Barker (Katia), Gordon Gietz (Koudriache), Dagmar Peckova (Varvara), Harry Draganov (Kouliguine), Victoria Martynenko (Glacha), Mariana Vassileva (Fekloucha), Tanja Ristanovic (Une femme), Bisser Terziyski (Un homme). Chœur du Grand Théâtre, Orchestre de la Suisse Romande, dir. Jiri Belohlavek. Katie Mitchell (mise en scène).

Créé en 1921, à la fois acte d’accusation contre une société corsetée de préjugés où toute communication semble impossible et plaidoyer pour l’amour libre, Katia Kabanova, inspiré de l’Orage d’Ostrovski, est un des chefs-d’œuvre de Janacek. Madame Bovary n’est pas si loin et les rêves d’amour heureux de Katia, à qui l’adultère laissera un goût amer de culpabilité sans que l’aveu de sa faute la libère, se dissoudront dans les eaux de la Volga. Tout rentrera donc dans l’ordre incarné par la Kabanikha, sa terrible belle-mère. Une issue pourtant est possible, à condition d’aller jusqu’au bout de ses choix, comme Varvara et Koudriache, un vrai couple pour le coup, qui préfère quitter cet univers provincial empesé et partir pour Moscou.
Le spectacle genevois, réalisé en coproduction avec le Welsh National Opera de Cardiff, est une réussite. La mise en scène de Katie Mitchell est aussi fidèle que subtile, notamment lorsqu’elle restitue l’opposition entre le monde intérieur de Katia et celui où elle est confinée : lorsqu’elle danse avec Boris, lors de leur ultime rencontre, dans un morne hall de gare que des lustres qui descendent du plafond changent un instant en une salle de bal. On aime aussi la fin du deuxième acte avec les deux couples : tandis que Katia et Boris se promènent au milieu des bouleaux, Varvara et Koudriache se déshabillent pour aller se baigner dans cette eau où Katia se noiera, comme si la mise à nu des corps n’était que le signe de la libération des consciences. La Kabanikha, de son côté, cesse d’être une mégère pour devenir une femme frustrée, sèche, peut-être victime, elle aussi, d’une vie qu’elle aurait voulue autre.
Jiri Belohlavek ne garantit pas seulement l’authenticité de l’interprétation à la tête d’un Orchestre de la Suisse Romande qui se plie avec bonheur aux sonorités si particulières de l’orchestre de Janacek, il dirige en vrai chef de théâtre, jouant sur les contrastes de timbres, veloutés ou arides, sans jamais alourdir une trame dont tous les fils restent visibles. La distribution est homogène, avec une excellente caractérisation des rôles : les trois ténors, par exemple, ne se ressemblent pas comme c’est parfois le cas et on saluera aussi bien le Boris de Peter Straka que le Koudriache de Gordon Gietz ou le Tikhon de Peter Hoare. Voix bien timbrée et homogène sur toute la tessiture, Cheryl Barker est bien Katia, sensuelle et tourmentée, écartelée entre son désir et sa conscience, face à la lumineuse Varvara de Dagmar Peckova. C’est Nadine Denize qui, malgré tout son talent de tragédienne, déçoit dans un rôle où ont pourtant excellé des chanteuses en fin de carrière, parce qu’elle ne peut plus guère composer un personnage crédible à partir d’une voix en ruines, aux registres disloqués et aux trous béants.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com