Back
Natalie ! Paris Palais Garnier 11/21/2003 - et 25, 28 novembre, 2, 5, 9, 15, 19, 21 décembre 2003 Richard Strauss : Ariadne auf Naxos Waldemar Kmentt (Le Majordome), David Wilson-Johnson (Le Maître de musique), Sophie Koch (Le Compositeur), Jon Villars (Le Ténor, Bacchus), Graham Clark (Le Maître de ballet), Mihajlo Arenski (Un Officier), Sergei Stilmachenko (Le Perruquier), Yuri Kissin (Un Laquais), Natalie Dessay (Zerbinetta), Katarina Dalayman (Primadonna, Ariane), Henriette Bonde-Hansen (Naïade), Svetlana Lifar (Dryade), Sine Bundgaard (Echo), Stéphane Degout (Arlequin), Daniel Norman (Scaramuccio), Alexander Vinogradov (Truffaldino), Norbert Ernst (Brighella)
Orchestre de l'Opéra de Paris, Pinchas Steinberg (direction)
Laurent Pelly (mise en scène)
Natalie Dessay va bien ! Très bien ! Pour son retour à Paris après une opération des cordes vocales, l'une des artistes les plus justement estimées à rassuré, en l'enchantant, son public qui l'adore tant. Triomphe absolu après le fameux "air de Zerbinette", les applaudissements fusent et se prolongent. La performance, il est vrai, est exceptionnelle : voix de cristal, timbre fruité, diction parfaite, puissance millimétrée... Son talent d'actrice n'est pas non plus pour rien dans cette réussite. Le public (re)découvre également et acclame chaleureusement une brillante jeune soprano française, Sophie Koch, parfaite dans le rôle du Compositeur, qu'elle a déjà chanté à Vienne, Munich ou Milan. En fait, toute la distribution vocale se révèle remarquable, avec une splendide Ariane (Katarina Dalayman), un imposant Bacchus (Jon Villars), un parfait trio de nymphes et, en Maître de ballet le truculent Graham Clark dont, on se pince pour y croire, c'est seulement la deuxième apparition à l'Opéra de Paris (après Un Re in ascolto de Berio en 1991), mais il reviendra pour la création de Matthias Pintscher en février prochain. Pinchas Steinberg dirige avec finesse et à propos les trente-neuf musiciens de cet opéra (presque) de chambre.
On attendait beaucoup de Laurent Pelly dont les formidables réussites restent dans les mémoires de chacun (Orphée aux enfers lire ici, Platée lire ici, La Belle Hélène lire ici). On tombe de très haut. Un décor laid (une sorte de hangar en béton), des costumes vulgaires (les trois nymphes dans des robes Prisunic), une caractérisation grossière des personnages (Zerbinette, les cheveux rouges, et ses quatre amants grimés en vacanciers), nul "théâtre dans le théâtre", aucune magie (l'île est un bâtiment en construction)... Le fil se perd, le duo final Ariane-Bacchus est un tunnel. Dans ses Notes sur la mise en scène reprises dans le programme, Agathe Mélinand, la collaboratrice de Laurent Pelly, nous parle du hangar comme d'une maison "dont le luxe ne se devine pas", bien joué, et nomme "autocrate" l'aristocrate qui la dirige, ce qui dénote une inculture totale de la vie de ces riches viennois qui soutenaient tant les arts (cf le catalogue de la fameuse exposition Paris-Vienne par exemple) et d’une lecture du livret au ras des pâquerettes. On a la très désagréable impression, nous le public, d'être assimilé à cet "autocrate" qui commande un spectacle qui ne convient pas aux artistes et que ceux-ci nous renvoient le "minimum syndical", sans plus.
Philippe Herlin
|