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Pour Jacques Hétu…et pour Emmanuel Ax !

Montreal
Salle Wilfrid-Pelletier
11/05/2003 -  
Jacques Hétu : Images de la Révolution, op. 44
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano no 25 en do majeur, K.503
Claude Debussy : Iberia, extrait des Images
Joaquin Turina : Sinfonia sevillana, op. 23

Emmanuel Ax (piano)
Orchestre symphonique de Montréal, Jacques Lacombe (direction)


Premier constat, fort décevant au demeurant, c’est que le public ne s’est déplacé que peu nombreux pour ce concert de milieu de semaine; tant pis pour les absents au fond, car cette fois-ci ils ont vraiment manqué quelque chose de magnifique.


L’on tend à programmer de plus en plus de musique canadienne à l’OSM, et l’initiative est à la base réjouissante. Force est d’admettre cependant que les œuvres présentées depuis le début de la saison étaient d’un intérêt plutôt relatif. On change littéralement de direction ici, en puisant au corpus d’un des piliers de la création musicale contemporaine au pays, l’un des compositeurs de chez nous les plus prolifiques et dont la musique est aussi la plus largement diffusée. Ses Images de la Révolution, commandées et crées par ce même orchestre pour commémorer le bicentenaire de la Révolution française, reçoivent un traitement plus que soigné et créent une forte impression . Attention dans la création des atmosphères, dans la coloration, dans l’évocation des œuvres picturales comme sources d’inspiration : on assiste à une interprétation idiomatique de ce qu’on peut certainement qualifier de «classique» de la musique canadienne contemporaine.


La participation d’Emmanuel Ax constitue définitivement le moment fort de la soirée. Il ne serait pas exagéré de dire qu’il s’agit probablement de l’événement le plus marquant, jusqu’à ce jour, d’une saison musicale bien remplie. Son Mozart est absolument sublime, le pianiste américain fait montre d’une finesse de toucher extraordinaire, sculpte le son de façon littéralement géniale (et le mot est bien choisi ici), son jeu est à la fois élégant, coloré et charnel, chacune de ses interventions est animée d’une verve rythmique saisissante, et sa conception demeure magnifiquement brillante de clarté jusqu’à la toute dernière note. On remarque que le pianiste joue la basse pendant les tutti, et ce tout au long du concerto, initiative relativement rare chez les interprètes de ce répertoire. La chose ne change pas beaucoup le produit final en lui-même, mais considérée comme élément d’approche strictement académique d’une interprétation aussi splendide, elle est d’autant plus frappante. Le pianiste a droit à une longue ovation et revient saluer plusieurs fois. Pareille manifestation d’enthousiasme est loin d’être exagérée, pour une fois; elle apparaît, pour tout dire, à peine suffisante !


Le reste de la soirée se déroule sans grand éclat. Il faut bien dire, par contre, qu’il aurait été difficile d’émerveiller de la même manière qu’avant la pause. L’extrait des Images apparaît à ce titre bien terne, on cherche en vain une direction, une véritable intention, la pièce perd beaucoup en crédibilité ainsi sortie de son contexte. Le Turina sonne par ailleurs beaucoup mieux, l’évocation est plus vraisemblable, les effets plutôt efficaces.


Le fait que le public ne soit pas plus attiré par une telle affiche, sous réserve bien sûr de sa qualité (éprouvée), demeure une aberration. Il est clair que l’absence prolongée de véritable direction artistique à l’Orchestre commence, malgré tout, à influer sur le box-office. Dans de telles circonstances, on peut seulement souhaiter que la direction prenne le parti de confirmer, sinon de devancer, l’annonce d’une nomination que nous savons tous imminente.





Renaud Loranger

 

 

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