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Belle soirée francilienne

Paris
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines
10/31/2003 -  
Paul Dukas : L’Apprenti sorcier
Aram Khatchaturian : Concerto pour violon
Antonin Dvorak : Symphonie n° 8, opus 88

Sergey Khachatryan (violon), Orchestre national de France, Kurt Masur (direction)


De façon quelque peu inattendue, l’Orchestre national et son directeur musical se transportent à une trentaine de kilomètres à l’ouest de leurs bases, dans une ville nouvelle à la prévisible modernité, mais dont le théâtre, installé sur une place d’un rassurant classicisme à la Bofill, propose une saison variée (théâtre, danse, musiques) et de qualité (Angelin Preljocaj, Jérôme Deschamps, Sapho, Merce Cunningham, Jean-Claude Malgoire, Irina Brook, Daniel Mesguich, Jean-Claude Gallotta, Rachid Safir, Fabio Biondi, Lucinda Childs...). L’autre orchestre de Radio France – le Philharmonique – s’y produira d’ailleurs à son tour en janvier dans deux programmes différents sous la direction de Kazushi Ono puis de Myung-Whun Chung. Spacieuse et fonctionnelle, la salle offre une acoustique satisfaisante, qui privilégie la juxtaposition plutôt que la fusion des plans sonores, avec une tendance, comme parfois à la Salle Pleyel, à diluer certains sons, leur source paraissant bien plus éloignée qu’elle ne l’est en réalité.


Injustement oublié, bien que destiné à Oïstrakh, le Concerto pour violon (1940) d’Aram Khatchaturian devait, à l’origine, être joué par Akiko Yamada, premier prix du Concours Long-Thibaud en 2002 (voir ici). Souffrante, elle est remplacée par Sergey Khachatryan, dix-huit ans, premier prix du Concours Jean Sibelius en 2000. Le jeune Arménien, qui vient d’enregistrer l’œuvre pour Naïve (voir ici) et de l’interpréter à Londres avec le Philharmonia Orchestra à l’occasion d’un hommage donné pour le centenaire de la naissance du compositeur, se révèle bien plus qu’un remplaçant. En effet, si l’on est en droit de préférer une sonorité plus ronde, tout le reste y est: technique (justesse, précision, puissance, assurance), bien sûr, mais surtout musicalité (engagement, lyrisme), avec une sorte de retenue, de distinction et de refus des débordements faciles qui démontrent une formidable maturité. Discret, mais bien loin se contenter d’observer, Kurt Masur dirige un orchestre vif et vigoureux, plus démonstratif, exubérant et mordant que le soliste.


Entamée – clin d’œil à Hallowe’en? – avec un Apprenti sorcier (1897) de Dukas puissant à défaut d’être inexorable, la soirée s’achevait avec la Huitième symphonie (1889) de Dvorak, un peu plus d’un mois après Dohnanyi et l’Orchestre de Paris (voir ici) et le même soir que Levine et l’UBS Verbier Festival youth orchestra à Mogador (voir ici). Plus anguleuse et incisive que Dohnanyi, mais aussi moins univoque et opulente, en un mot peut-être plus tchèque, l’approche de Masur culmine dans un Adagio à la subjectivité parfaitement assumée: contrastes d’intensités, élasticité du tempo, longs silences, tonalité épique et solennelle, le mouvement en devient une sorte de poème symphonique miniature ou de ballade brahmsienne. S’autorisant quelques élans romantiques (Allegretto grazioso), Masur oppose fortement, dans le final, la solidité et à l’épaisseur bruegheliennes de la première série de variations (ainsi que de la coda) à la tendresse de la seconde série. L’orchestre, tout au long du programme, se révèle sous l’un de ses meilleurs jours, notamment les cuivres, et un grand nombre de musiciens applaudissent leur directeur musical à l’issue du concert.



Simon Corley

 

 

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