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Retour triomphal du Kreidekreis à Zurich

Zurich
Opernhaus
10/19/2003 -  et 21, 23, 26 octobre et 6, 8, 14 et 16 novembre 2003
Alexander Zemlinsky: Der Kreidekreis
Brigitte Hahn/Aniko Donath (Tschang Haitang), Irène Friedli/Louise Martini (Frau Tschang), Rodney Gilfry/Andreas Zimmermann (Tschang Ling), Peter Keller (Tong), Francisco Araiza/Bernhard Bettermann (Pao), Laszlo Polgar/Peter Arens (Ma), Cornelia Kallisch/Louise Martini (Yü-pei), Oliver Widmer/Horst Warning (Tschao), Peter Arens (Tschu-Tschu), Katharina Peetz (eine Hebamme), James Elliott, Maurizio O’Reilly (zwei Kulis), Matthew Curran (Polizist), Christiane Kohl (ein Mädchen)
Orchestre de l’Opéra de Zurich, Alan Gilbert (direction)
David Pountney (mise en scène)

Der Kreidekreis (Le Cercle de Craie) est le dernier opéra dont Zemlinsky a pu terminer la composition. En 1933, plusieurs théâtres allemands auraient dû proposer simultanément sa création, mais l’arrivée au pouvoir des nazis rendit la chose impossible, et c’est finalement à Zurich qu’eut lieu la première, en présence de l’auteur. 70 ans plus tard, presque jour pour jour, l’ouvrage est à nouveau à l’affiche de l’Opernhaus, dans une production qui a emballé le public zurichois.

L’une des particularités du Cercle de Craie est qu’il contient autant de dialogues parlés que de passages chantés, une véritable gageure pour une distribution cosmopolite. David Pountney a résolu très habilement le problème en faisant doubler pratiquement tous les rôles par des acteurs, assis sur des chaises disposées sur le devant de la scène, alors que les chanteurs évoluent derrière eux, sur un plateau surélevé. Certes, cette double distribution a un côté artificiel, largement atténué toutefois par le fait que les acteurs ne se limitent pas à prêter leur voix, si on peut dire, mais participent véritablement au spectacle à chacune de leur intervention, en se levant et en jouant leur rôle, ou encore en tendant des objets aux chanteurs. Cette réserve mise à part, l’avantage de la présence d’acteurs est que le public ne perd absolument rien du livret.

Plutôt que d’orienter sa mise en scène sur les aspects politiques de l’œuvre (misère, oppression, abus de pouvoir, corruption), David Pountney a choisi de privilégier la fable et la parabole (la jeune fille vendue par ses parents devenant princesse), grâce notamment à une régie des personnages affectée, à des jeux de couleurs très contrastés, à des formes géométriques et des éléments de décors stylisés (Johan Engels) rappelant l’Extrême-Orient (le livret est basé sur un conte chinois). Au début de la scène finale, l’impressionnante descente de l’empereur par les cintres ne fait que confirmer ce parti pris intelligent et parfaitement cohérent de bout en bout du spectacle. Connu pour ses productions flamboyantes, et parfois excessives, David Pountney a réalisé cette fois un travail somme toute plutôt sobre mais parfaitement mûri, qui se révèle l’atout majeur du spectacle.

Dans la partition du Cercle de Craie, Zemlinsky associe les masses orchestrales denses et les harmonies luxuriantes à la Mahler de ses précédents ouvrages à des passages résolument jazzy, à des ambiances de cabaret ou de bordel à la Kurt Weill et à des accords exotiques censés évoquer la Chine. Pour ses débuts à l’Opéra de Zurich, le jeune chef américain Alan Gilbert a su parfaitement maîtriser cette diversité des styles et, en adéquation avec la mise en scène, a ôté tout pathos et toute emphase à l’orchestration. De la distribution vocale se détachent notamment le robuste Tschang Ling de Rodney Gilfry, le Ma de Laszlo Polgar, qui rend avec brio l’évolution des sentiments du mandarin, et la Yü-pei plus cruelle que nature de Cornelia Kallisch. A relever aussi la présence de Francisco Araiza en prince Pao, même si le timbre de sa voix a perdu de son éclat.

En résumé, une production qui fera date dans l’histore des représentations des œuvres de Zemlinsky.


Claudio Poloni

 

 

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