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Aix-sur-Rhône

Lyon
Opéra
10/14/2003 -  et 17*, 20, 22, 24, 26, 30 octobre 2003
Alban Berg : Wozzeck
Dietrich Henschel (Wozzeck), Nina Stemme (Marie), Kim Begley (Le Tambour-major), Pierre Lefebvre (Le Capitaine), Walter Fink (Le Docteur), Christer Bladin (Andrès), Hélène Jossoud (Margret)
Orchestre de l'Opéra de Lyon, Lothar Koenigs (direction)
Stéphane Braunschweig (mise en scène)


L'Opéra de Lyon, en ce début de saison, est un peu un champ de ruines : plus de directeur musical, plus d'Opéra Studio (formation de jeunes chanteurs), plus de site Internet... Le nouveau directeur, Serge Dorny, fait le ménage et l'on attend avec impatience de voir ce qu'il va construire. En attendant, le spectacle de rentrée vient du Festival d'Aix-en-Provence, annulé pour les raisons que l'on sait. A ce propos, a été créé début septembre "Culture en danger", un "Conseil interprofessionnel du spectacle vivant en Rhône-Alpes" réclamant l'abrogation du protocole du 26 juin concernant l'intermittence et regroupant diverses coordinations, c'est à dire le même genre d'individus que ceux qui ont tué la saison d'été. Le danger pour la culture, c'est surtout leur comportement nihiliste. D'ailleurs, s'ils servaient vraiment à quelque chose ils protesteraient contre la fermeture de l'Opéra Studio, au lieu de cela leur logo "Culture en danger" à droit aux honneurs des écrans vidéo du fronton de l'Opéra ! On reste sans voix devant cette collusion entre le pouvoir (la direction de l'Opéra) et les agitateurs professionnels, qui se fait sur le dos des vrais artistes en devenir (qui travaillent vraiment et obtiennent de vrais résultats...), ceux de l'Opéra Studio.


Bref, c'est donc Lyon, finalement, qui obtient la primeur de cette nouvelle production de Wozzeck, dont le programme (très bien fait, livret bilingue, textes de qualité, 5 euros seulement, bravo) nous apprend qu'il s'agit de la création lyonnaise en langue originale (première production en 1962 mais en français) ! Commençons par le moins bon, l'orchestre, souvent apathique (par exemple, les premières mesures de la scène 4 du premier acte avec le Docteur où les cordes sont molles, inexistantes) et confus (décalages, problèmes de mise au point). Autrement, rien que du bonheur ! La distribution se révèle excellente, on s'y attendait, à vrai dire, avec des chanteurs comme Dietrich Henschel en Wozzeck (peut être trop "propre" cependant) ou Nina Stemme qui maîtrise sans problème les grands écarts dynamiques que requiert le rôle difficile de Marie. On signalera également le Docteur superlatif de Walter Fink, l'excellente Margret d'Hélène Jossoud, le très bon Tambour-major de Kim Begley, le Capitaine très convaincant de Pierre Lefebvre et les second rôles, tous parfaitement tenus.


Mais c'est surtout le travail de Stéphane Braunschweig qui était attendu. Sa mise en scène, très probe, très respectueuse du texte, insiste sur les dérèglements psychologiques de Wozzeck. Certaines scènes, comme celle où Marie cède aux avances du Tambour-major avec un Wozzeck somnolant au premier plan, semblent se passer d'abord dans sa tête et expliquent d'autant mieux son geste final et fatal. L'arrivée de l'Idiot, reniflant les gens comme un chien jusqu'à sentir l'odeur du sang marque le pivot de cette lecture très crue et très fouillée du paysage mental ruiné de Wozzeck. Le plateau nu, la grande lune rouge projetée aux moments cruciaux, la lumière froide renforcent cette focalisation sur le personnage principal.


Ceci dit, après son Fidelio et sa Jenufa au Châtelet qui ont tellement marqué les esprits et dont on garde encore des images en mémoire, avouons que l'on s'attendait de la part de Braunschweig à une approche plus globalisante (des décors, merci), plus conceptuelle, plus novatrice (on ne prête qu'aux riches !). On sent même un manque d'aboutissement dans les transitions entre scènes, certaines se faisant très intelligemment par des mouvements de panneaux, d'autres très platement par la coupure de la lumière. Cette mise en scène s'en tient - mais c'est déjà très bien répétons-le - à un niveau didactique, elle veille à une parfaite caractérisation du livret, un peu comme s'il s'agissait d'un spectacle de l'Opéra Studio.





Philippe Herlin

 

 

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