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Soirée polonaise Paris Théâtre Mogador 10/15/2003 - et 16 octobre 2003 Ludwig van Beethoven : Die Weihe des Hauses, ouverture
Witold Lutoslawski : Concerto pour orchestre
Johannes Brahms : Concerto pour piano n° 1
Krystian Zimerman (piano)
Orchestre de Paris, Stanislaw Skrowaczewski (direction)
Contrairement à celui de Bela Bartok, le Concerto pour orchestre de Lutoslawski donne la primauté à l'orchestre dans sa globalité plutôt qu'aux instruments solistes, les points d'orgue et les crescendos mobilisant tous les pupitres abondent et constituent les points d'ancrages d'une œuvre qui aurait pu s'appeler symphonie mais à laquelle on aurait alors reproché son aspect trop extérieur et décousu. Le titre choisi, plus distancié et sans charge historique, permet d'aborder sans parti pris ces trente minutes fascinantes en terme de technique orchestrale et de jouissance sonore. Stanislaw Skrowaczewski dirige avec une maîtrise souveraine et l'énergie d'un jeune homme de 80 ans (!) un Orchestre de Paris virtuose et en pleine forme. Un plaisir absolu. Après l'entracte, le chef polonais retrouve son compatriote Krystian Zimerman pour le Premier concerto de Brahms. Il est amusant de voir Skrowaczewski diriger Lutoslawski par cœur et s'appuyer sur la partition pour Brahms, mais on ne le prend pas en défaut, malgré quelques accrocs, et le geste ample qu'il déploie permet au pianiste de trouver sa place sans jouer des coudes. La complicité est réelle. Refusant tout effet, toute manifestation d'ego, Krystian Zimerman fascine par la justesse de son jeu, la clarté de son son (il transporte son piano avec lui pour ses tournées), la logique de son interprétation. Le public réserve un véritable triomphe à celui qui achève ainsi une très belle soirée qui aura montré la Pologne musicale sous trois aspects différents.
Philippe Herlin
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