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L'Opéra de Zurich réhabilite Salieri

Zurich
Théâtre de Winterthur
09/05/2003 -  et 7*, 9, 11 et 13 septembre 2003
Antonio Salieri: Axur, re d'Ormus
Franco Vassallo (Atar), Lawrence Brownlee (Axur), Elizabeth Magnuson (Aspasia), Boguslaw Bidzinski (Biscroma)
Orchestre Musikkollegium de Winterthur Theodor Guschlbauer (direction)
Dieter Kaegi (mise en scène)


Alors que le Met ou la Scala ne présenteront cette saison qu'un nombre limité de nouvelles productions, l'Opéra de Zurich affiche lui une santé insolente en proposant pas moins de 15 premières, sans compter 22 reprises. Parmi ces ouvrages ne figurent pas uniquement des titres du grand répertoire, mais aussi quelques raretés, dont Axur re d'Ormus, d'Antonio Salieri, donné en ouverture de saison à Winterthur, ville industrielle située à une trentaine de kilomètres de la métropole helvétique.


Si tout le monde connaît aujourd'hui le nom de Salieri (grâce essentiellement à Amadeus, le film de Milos Forman tourné en 1984 d'après une pièce de Peter Shaffer), personne, ou presque, n'a jamais entendu sa musique. Compositeur adulé, en son temps du moins, Salieri sera par la suite totalement éclipsé par Mozart. En ressuscitant un de ses 40 opéras, Zurich a donné le coup d'envoi à un vaste programme de réhabilitation. La deuxième étape sera la sortie, à la fin du mois, d'un enregistrement d'airs de Salieri par Cecilia Bartoli, suivie d'une longue tournée de promotion (à noter que dans le cadre de sa tournée d'airs de Salieri, Cecilia Bartoli passera notamment par Zurich le 19 octobre (Tonhalle) et par Paris les 8 et 20 décembre 2003 (Théâtre des Champs-Elysées). Il y a fort à parier que la mezzo romaine - qui est aujourd'hui l'artiste qui vend le plus de disques classiques - sera une avocate convaincante. Et pour couronner le tout, Riccardo Muti a choisi de réintégrer la vénérable Scala - en décembre 2004, après trois ans de travaux de rénovations - avec un opéra de Salieri justement.


En 1786, Salieri compose un ouvrage pour Paris, Tarare, sur un livret de Beaumarchais. La création est un immense succès. L'été suivant, Salieri fait son retour à Vienne, où la nouvelle du triomphe de Tarare l'a précédé. L'empereur Joseph II commande alors au musicien une version italienne, en proposant Lorenzo da Ponte comme librettiste. Une traduction pure et simple se révèle irréalisable, obligeant Salieri à écrire une musique presque entièrement nouvelle pour le texte italien. L'action est maintenue, le titre de l'opéra devient Axur, re d'Ormus et les noms des personnages sont modifiés. En 1788, l'ouvrage est créé dans la capitale autrichienne et le succès est encore plus grand qu'à Paris, propageant du même coup dans l'Europe entière la version italienne de l'opéra, en lieu et place de la française.


Plutôt que de s'attarder sur la traditionnelle histoire d'amour, le metteur en scène suisse Dieter Kaegi a choisi, pour ses débuts à Zurich, de privilégier les aspects politiques de l'ouvrage, à savoir les abus du pouvoir et le poids de l'opinion publique. L'action est transposée dans une villa italienne des années 40; les costumes (Bruno Schwengl) suggèrent Pasolini. La musique, reconnaissons-le, est souvent pompeuse, formelle, voire rigide, laissant peu de place aux émotions. Ce qui surprend néanmoins, c'est l'imbrication des récitatifs et des airs, une nouveauté pour l'époque. Les quatre rôles principaux (Axur, le roi, interprété par Franco Vassallo, basse au timbre particulièrement sonore et puissant, Atar, un général/Lawrence Brownlee, dont la voix tout en finesse évoque davantage la victime que le vaillant guerrier, Aspasia, sa femme/Elizabeth Magnuson, capable de magnifiques pianissimi et Biscroma, eunuque du sérail/ Boguslaw Bidzinski, ténor qui a emporté l'adhésion du public) permettent aux jeunes chanteurs de la distribution de mettre en valeur leurs possibilités vocales. A la tête de l'orchestre Musikkollegium de Winterthur, Theodor Guschlbauer obtient un remarquable résultat d'ensemble.


Pour sûr, Salieri connaissait toutes les ficelles de son métier, mais il a eu le malheur d'exister à une époque où un véritable génie composait des musiques autrement plus inspirées. Quoi qu'il en soit, il convient de saluer à sa juste valeur le travail d'exhumation effectué par l'Opéra de Zurich. Il reste à espérer qu'il fera des émules.





Claudio Poloni

 

 

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